Zène Bada conduit menotté à l'hôpital: où sont ses proches?
Le quotidien de Mht-Zene Bada à l'HGRN.
Nous avons été témoins d'une scène extraordinaire au sein de l'hôpital HGRN. Un homme aux mains menottées et assis sur une chaise roulante, sous surveillance
policière, se fait promener entre les fleurs du jardin qui se situe entre le service de Medecine-III ou service-tuberculose et la medecine-V ou service de maladies infectieuses. La personne
n'était autre que Mhtzene Bada, transféré de Moussoro vers l'HGRN depuis trois mois.
Il loge dans la salle Catégorie N•3 du Service-du-Jour de la medecine3. Le mal qui le ronge est connu de tous, y compris du portier du service. Ici pas de secret
medical. L'enfant terrible du MPS souffre du diabète. Il connait ses maux mais têtus, il lui arrive de jouer avec sa santé en refusant de prendre ses medicaments.
Bien que très bien gardé nuit et jour, il a tenté de fuguer à trois reprises. Parfois il se fait très humoriste et fait rire tout le service. D'autrefois il reste
muet, le regard perdu. Très généreux, il partage des plats exquis aux autres malades qui sont heureux d'avoir comme colocataire du service une telle personnalité.
Très entouré, Zene Bada reçoit de nombreuses visites. Mêmes de ministres actuellement en poste lui rendent de visites de courtoisie. Lors de ces nombreuses visites,
il se plaint de menottes qui le tiennent prisonnier sur son lit d'hopital. Son humeur est changeante: tantôt prolixe, tantôt silencieux, il est la star du Service-du-Jour de l'aile Nord de la
Medecine-III. Exigeant, il réclame chaque soir sa promenate entre les pervenches efflanquées au Service.
De nombreux plateaux de repas se succèdent au Service, œuvres de ses concubines ou de ses parents. Des marabouts lui rendent visites aussi dont Imam Hassan Hissein
qui aiment réciter de longues prières entrecoupées des "ameen". Zene Bada reçoit aussi des onguents, de l'eau bénite et mêmes de gris-gris. Un jour, son geôlier, un policier lui refusa de sortes
de gris-gris portant de cadenas et de douilles de kalachnikov.
Nous vous tiendrons informer de la suite de la vie d'un bagnard dans un hôpital public.
Zoua Gonodji
Journaliste-détective
Le 06/11/2012