Tchad : Le peuple face à une double impasse des rebelles et du pouvoir
Décidément, le peuple tchadien est loin du bout du tunnel et ne sait à
quel saint se vouer au sein d’un environnement politique totalement hostile où il est difficile de faire la part de choses entre les agissements du pouvoir et ceux des leaders de l’opposition
armée tchadiens.
En effet, la crise qui agite, mouvemente, secoue et rythme depuis fort longtemps la vie des organisations politico-militaires tchadiennes de l’est, souligne à sa juste valeur la gravité de la situation et de l’impasse continue, dans laquelle est plongé le peuple tchadien qui aspire à la démocratie, à la paix, à la stabilité, à la justice sociale et au consensus national, seul équilibre pour un Etat de Droit.
Mais force est de constater avec amertume qu’au niveau des leaders de la rébellion tchadienne, réunis sous la bannière ou des différents sigles où le terme « démocratie » abusivement employé, s’invite dans la dénomination que par supercherie.
Comment peut-on expliquer que tous les chefs rebelles tchadiens clament haut et fort que le mobile de leur lutte est d’instaurer une démocratie effective au Tchad, mais contrairement à leurs déclarations officielles, ils sont trahis par leurs comportements quotidiens sur le terrain ?
Partout et au niveau de ces structures militaro-politiques, on ne cesse d’observer des réelles fissures entre les différents membres qui la composent.
D’aucuns réclament de leurs leaders à cor et à cri la tenue d’un congrès pour transcender les contentieux internes et à aller vers la mise en place soit disant d’une structure véritablement démocratique, chose à laquelle ces derniers restent foncièrement réfractaires et imperméables.
Or, si d’ores et déjà au niveau de ces mouvements armés tchadiens, il est pratiquement impossible de dialoguer à l’interne, comment peuvent-ils exiger à Idriss Deby un dialogue politique inclusifcomme préalable, sachant bien entendu, qu’ils ne sont pas disposés à leur tour d’ouvrir des négociations avec leurs propres bases ?
La lutte pour la conquête ou la reconquête de la démocratie est avant tout une prédisposition mentale qui exige de nous, l’acceptation totale d’un débat contradictoire et en toute liberté où est autorisée de s’exprimer toute voix qu’elle soit majoritaire ou minoritaire.
Hélas, tel n’est pas le cas, chez les chefs rebelles tchadiens dans leur ensemble, opposés par des antagonismes structurels et culturels qui minent profondément leurs relations personnelles et politiques.
Par leurs attitudes fondées sur les replis identitaires, ils ont donné totalement raison à Idriss Deby avec qui, ils ont les mêmes approches de gestion politique de la chose publique. Car, ils sont tous issus du même moule, et qu’il est difficile pour tout observateur averti de croire à leurs motivations politiques ce qui fait dire aux membres de la communauté internationale que : « ces rebelles ne sont pas si différents d’Idriss Deby qu’ils combattent pour des raisons fallacieuses. »
Ainsi, le peuple tchadien fait face clairement à une double impasse : d’un côté celle d’une rébellion sans perspectives politiques rassurantes et de l’autre, celle d’un homme frappé par l’usure du pouvoir qui ne transige point devant toutes les propositions d’où qu’elles viennent.
Au même moment où les Tchadiens n’attendent pas grand-chose du régime actuel pour améliorer de façon substantielle leurs conditions matérielles de vie ; ils n’espèrent pas non plus de cette rébellion pour les délivrer de toutes les peines du monde qui pèsent lourdement sur eux.
Pour que le Tchad devienne un pays viable et de justice sociale, il faut que les gens se débarrassent réellement des considérations les plus subjectives basées sur des affinités claniques, régionales ou confessionnelles, à la mode dans le pays, mais, qui sont des véritables pesanteurs et des facteurs bloquants pour des forces progressistes qui militent pour un Tchad pour tous.
Makaila Nguebla