Tchad: le peuple face à la prostitution de sa classe politique
Les responsables des partis politiques qui forment ce que l’on appelle traditionnellement l’opposition démocratique, conviés au palais rose par Idriss Deby, ont cédé comme à l’accoutumée devant les tentations matérielles tout en faisant fi à leurs
principes.
Excepté le député Ngarléjy Yorongar, seule voix désormais discordante d’une opposition étouffée, qui a décliné l'invitation d' Idriss Deby, tous les leaders membres de la CPDC, ont
approuvé la proposition à l’unanimité d’aller aux élections présidentielles et législatives sans la moindre exigence du recensement électoral biométrique qui, pourtant, n'est
plus négociable, étant donné qu’il figure dans la plate-forme de l’accord du 13 août 2007 comme l’une des revendications politiques des acteurs signataires y compris de la partie
gouvernementale.
Depuis Libreville, le chef de file des fédéralistes, a pondu un communiqué de presse appelant ses collègues, au sens civique de leurs responsabilités
politiques devant la nation et le peuple.
Ngarléjy Yorongar, n’y va pas par le dos de la cuillère pour témoigner comment la classe politique se prostitue, flirte avec Deby et se ridiculise
devant lui.
Aujourd’hui, nous avons une fois de plus la preuve selon laquelle, si la question tchadienne, est traitée avec une extrême légèreté par la communauté internationale et la France, la faute revient
inéluctablement à la turpitude d' une classe politique tchadienne, qui ne brille que par son existence au lieu des initiatives, des actions concrètes et urgentes face aux défis
qu’exige un environnement international qui fait de la bonne gouvernance politique, le respect aux droits de l’homme et la démocratie ses principales
préoccupations.
En dépit de la gravité du problème tchadien et de sa complexité, on note, cependant une indifférence planétaire qui trouve, désormais sa pleine justification au sein même d'un paysage politique
tchadien malsain.
A défaut d’une alternance démocratique, le peuple tchadien, a placé un grand espoir au changement politique dans le pays, par l’option militaire.
Or, au regard de sérieuses difficultés que rencontre l’opposition armée basée à l’est du pays, tout porte à croire qu’un redoutable soupçon plane sur la capacité individuelle ou collective
des chefs des mouvements politico-militaires, de parvenir à convaincre l’opinion nationale et internationale, sur leurs motivations réelles de renverser le régime actuel , d’instaurer une
véritable démocratie et de présenter aux Tchadiens, un projet politique ambitieux, alléchant et mobilisateur.
La question qui taraude nos esprits et revient de façon sempiternelle est la suivante :
La classe politique tchadienne a-t-elle opté pour l’opposition au sens strict du terme ou bien joue-t-elle le rôle des contre-pouvoirs pour la survie ?
Makaila Nguebla