France:Recrutements d'embauche discriminés sur des bases confessionnelles

Le testing sur CV est une méthode consistant à envoyer à un ou plusieurs employeurs, des CV parfaitement identiques, à un élément près (nom, adresse, âge, etc.). Le but est de mesurer l’impact de cette caractéristique sur la probabilité de convocation à un entretien d’embauche. Ici, trois CV ont été créés : le premier est celui d’une Aurélie Ménard, une Française de souche. Les deux autres sont ceux de Françaises portant un même patronyme sénégalais : Diouf. Mais tandis que l’une se prénomme Marie, l’autre s’appelle Khadija, des ‘‘signaux supplémentaires d’appartenance confessionnelle’’.
Testing sur CV : Khadija Diouf contre Marie Diouf
Le CV de Khadija mentionne une activité rémunérée au sein du Secours islamique et du bénévolat pour les Scouts musulmans de France ; de manière symétrique, le CV de Marie mentionne le Secours catholique et les Scouts et Guides de France. A ces quelques détails près, les CV sont rigoureusement comparables : mêmes qualifications, même âge, même quartier, etc. Les trois CV ont ensuite été envoyés à 300 recruteurs. Mais par paires, c'est-à-dire à chaque fois avec celui d’Aurélie comme CV de référence (Aurélie Ménard / Marie Diouf ou Aurélie Ménard / Khadija Diouf). Le résultat est sans appel : si Aurélie a un taux de réponse de 25 %, Marie, noire mais chrétienne, obtient 21 %. Soit tout de même 2,5 fois plus que leur compatriote musulmane Khadija Diouf, dont le taux de réponse est de 8 %. Quant à l’enquête de terrain, elle a été menée auprès de 511 ménages d’ascendance sénégalaise, les uns chrétiens, les autres musulmans. Ici encore, le résultat est sans appel : les ménages musulmans ont un revenu mensuel inférieur de 400 euros en moyenne à celui des ménages chrétiens. Il semble que ‘‘cette différence de revenu s’explique en partie par la discrimination à l’embauche dont souffrent les musulmans’’, concluent les chercheurs