Quand le rire tue au Tchad
Si sous d'autres cieux, un baiser a foudroiement tué une jeune fille en récevant un baiser de son petit ami ayant mangé des cacahuètes auxquelles la jeune dame est
allergique, au Tchad il suffit de pouffer de rire pour etre 2m sous terre. C'est ce qui est arrivé à notre compatriote Gustave Mbailaou Betar, syndicaliste qui osa rire de son rire imprudent
devant un procureur à la sentence facile.
Gustave Mbailaou Betar en avait eu pour son outrecuidance, pour son audace, pour son accès rigolomaniaque.
Paix â l'âme de ce brave père de famille qui a perdu la vie pour une raison insensée dans un pays où les assassins côtoient leurs victimes sans etre
inquiétés.
Le Tchad est un pays de paradoxe. Rire est désormais interdit. Utiliser une pirogue est aussi interdit. Chasser une phacochère est strictement interdit mais
assassiner un leader politique et faire recel de son cadavre sont permis.
Le Tchad devient de plus en plus une jungle. Les lois sont appliquées ou non selon la tête ou le faciès du coupable. Un Sara, un kirdi, un ouaddaïen, un mimi peut
mourir pour un larcin, pour avoir braconner un pigeon, pour avoir ri devant un procureur illettré.... Un zagawa ou un gorane peut circuler librement meme après un assassinat.
Tchad, terre de toutes les injustices!
Hassan Alphonse
Enseignant de philosophie