Présidentielle du Tchad du 21 mai 2011: regardons ensemble le résultat définitif
Regard sur le résultat définitif de la présidentielle du Tchad du 21 mai 2011
Le résultat définitif de la présidentielle m’amène à certaines réflexions. Cette fois-ci, les pourcentages annoncés par le président du Conseil constitutionnel, David Houdeingar enlèvent toutes discussions à propos du dépassement de 100 % (soit 100,1 % selon la CENI du Tchad) lorsqu’on somme les différentes répartitions de pourcentage de vote. Je suis très étonné qu’on trouve pour cette fois-ci des chiffres arrondis dont le total ne dépasse pas 100 % dans ce genre de calcul, cette situation est couramment rare mais elle existe à une très faible et négligeable probabilité. Cet arrondi, sans moindre difficulté, m’amène à douter du bien fondé de ces chiffres.
Si nous regardons les différents résultats de l’élection présidentielle au Tchad, i.e le résultat provisoire de CENI de Yaya mahamat Liguita et celui définitif de Conseil Constitutionnel de David Houdeingar :
Le résultat provisoire de la Ceni ou résultat Yaya Mahamat Liguita :
Idriss Deby
2504069
88,66%
Payimi Albert
170188
6,02%
Nadji Madou
150226
5,32%
Suffrage exprimé
2824483
100,00%
Le résultat définitif de Conseil Constitutionnel ou résultat David Houdeingar
Idriss Deby
2072481
83,59%
Payimi Albert
213257
8,60%
Nadji Madou
193617
7,81%
Suffrage exprimé
2479355
100,00%
Les deux décisions de différentes étapes de processus de vote au Tchad nous donnent les différentes situations suivantes :
- Entre les deux étapes, Idriss Deby : 2 072 481- 2 504 069 = -431 588. Ce calcul nous indique Idriss Deby a perdu 431 588 votants au niveau de résultat annoncé par le Conseil Constitutionnel.
- Payimi Albert : 213 257-170 188 = 43 069, Payimi Albert, en plus, gagne 43 069 votants selon le résultat du Conseil Constitutionnel.
- Nadji Madou : 193 617-150 226= 43 391, Nadji Madou gagne également 43 391 au niveau du résultat du Conseil Constitutionnel.
Ce qui est étonnant de ce résultat du Conseil Constitutionnel, lors de sa nouvelle répartition des votes, il attribut presque le même nombre des votants à Payimi Albert et à Nadji Madou comme si les litiges, qui leur sont favorables, se sont déroulés dans les bureaux de votes ou dans les circonscriptions qui présentent les mêmes caractéristiques envers les deux candidats (soit ils sont aimés de la même manière ou rejetés de la manière) ou autrement dit, ces électeurs ont une indifférence de choix entre ces deux candidats.
Nous remarquons aussi que sur les 431 588 votants perdus de Idriss Deby seulement 86460 ont profités aux deux candidats (43063+43391) et les 345128 votants ont étés faits bulletins nuls ou simplement annulés.
Pour répondre à cette question, regardons la situation des bulletins nuls :-
- Selon le résultat provisoire de la CENI de Yaya Mahamat Liguita
Nous avons : Inscrits : 4 817 819
Le taux de participation : 63,77%
Votants : 4817819*0,6377=3072323
Suffrage exprimé (Deby+Payimi+Nadji) : 2824483
Bulletins nuls : 3072323-2824483 = 247840
- Selon le résultat de Conseil Constitutionnel de David Houdeingar
Inscrits : 4817819
Taux de participation : 57,71 %
Votants : 4817819*0,5771= 2780363
Suffrage exprimé (Deby+Payimi+Nadji)= 2479355
Bulletins nuls : 2780363-2479355= 301008
Les deux résultats nous font apparaitre, en plus, une augmentation des bulletins nuls : 301008-247840 = 53168. De ce constat, nous pouvons conclure actuellement qu’il y a 291960 votants (345128-53168 = 291960) dont leurs bureaux de vote ont été annulés Ce chiffre donne, selon la loi N°003/PR /2008 portant code électoral du Tchad et qui fixe la taille maximale d’un bureau de vote à 300 votants, d’au moins 973 bureaux de votes ont été purement annulés par Le Conseil Constitutionnel de David Houdeingar. Cette situation nous impose au moins deux analyses :
1) Dans ces bureaux annulés, le candidat Idriss Deby a 100 % des suffrages exprimés alors que les deux autres candidats ont 0 suffrage exprimé. A ma connaissance ce genre des bureaux à ce nombre d’au moins 973 n’existe pas au Tchad.
2) Ou dans ces bureaux annulés qui sont au moins au nombre de 973, si on prend en exemple le cas de candidat Payimi albert : il faut que le total X perdu de ses votants dans ces bureaux soit compensé par un total X gagné lors de différents redressements des bureaux validés. Il pourrait virtuellement avoir gagné en nombre de suffrages exprimés : (43063+X) votants et avoir perdu : X votants. Le résultat du Conseil Constitutionnel lui donne alors une augmentation de : (43063+X)-X= 43063 votants. On peut raisonner de manière identique pour le cas Nadji Madou. Et à mon avis, il est extrêmement rare de rencontrer de telles situations.
La situation que je n’arrive pas à comprendre et à expliquer est l’égalité qui sort de ce résultat du Conseil Constitutionnel : la différence de 2 suffrages exprimés est égale à la différence entre de la perte de Idriss Deby et les gains de deux candidats (Payimi Albert et Nadji Madou). 2824483-2479355 = 431588-(43069+43391) = 345128. Je me demande si cette égalité ne vient pas d’un modèle d’équilibre d’équations. Si de tel modèle est programmé dans un logiciel, vous ajoutez n’importe quel chiffre à ce modèle en fixant quelqu’uns, vous avez aussitôt l’égalité. De telles situations échappent à toutes interprétations statistiques et mathématiques. Si cette situation se produit ainsi, il est trop malheureux pour notre pays le Tchad de se fier aux expertises de ces soi-disant connaisseurs.
La question mathématique qui me vient alors en tête, sans tenir de la situation ci-dessus décrite, est que : pourquoi la perte de Idriss Deby est supérieure à la perte de suffrage exprimé ? La réponse est oui et non :
- La réponse non est dans le cas où les bulletins nuls n’ont pas connu d’augmentation, la perte de Idriss Deby ou la perte maximale des candidats doit être forcement inférieure à la perte de suffrage exprimé donc ici 345128 votants.
- La réponse oui est le cas où les bulletins nuls augmentent, la somme des pertes maximales des candidats ne peut pas dépasser la perte au niveau des suffrages + l’augmentation de nombre de bulletins nuls : ici, dans notre cas, on a : la perte de suffrage exprimé est 345128 votants et l’augmentation de nombre de bulletins est 53168 votants. La perte maximale des votants doit être inférieur à 398296 votants (345128+53168). Alors que la perte de Idriss Deby a dépassé le seuil de tolérance.
Comme on est dans aucune de ces situations, je ressens ici plusieurs anomalies car la perte de votants d’Idriss Deby qui est de 431 588 votants dépasse largement 398296 votants. Il y a un problème. La deuxième anomalie est que les gains de Payimi Albert et Nadji Madou dépassent aussi les 53168 votants alors que non. Ils ont un total de gain de 86460 votants. D’où sortent les 33292 votants (86460-53168) ? Alors que le nombre des votant n’a pas augmenté et au contraire, il a diminué. Il passe de 3072323 votants pour le résultat de la CENI à 2780363 votants pour le résultat du Conseil Constitutionnel, soit une diminution de 291960 votants (3072323-2780363). Malheureusement la variation des votants nous n’explique rien, on a simplement 291960-(-53168) = 345128 votants. L’autre paradoxe est que la validation des bureaux de vote considérés par la CENI comme nuls profite seulement aux autres candidats (Payimi Albert et Nadji Madou) et non aussi à Idriss Deby ! etc.
Au Tchad, faut-il dépenser l’argent du trésor public pour une élection dont le vainqueur est connu d’avance ? Et cet argent ne pourrait-il pas servir à la réduction de la pauvreté ?. On n’a pas d’eau et d’électricité, pas de routes bitumées entre beaucoup de villes, etc
Par Issa