Lobbys de l’enseignement supérieur : partie 3
Dans votre dernier écrit, vous m’avez interpelé personnellement, ce qui m’oblige de dévier momentanément de mon objectif initial. J’ai bien dit que je n’ai pas la prétention de changer quoi que se soit ou de proposer des solutions pour résoudre les problèmes de l’enseignement supérieur au Tchad. Vous étiez les premiers à parler des lobbys et moi aussi, j’ai décidé, à ma manière, d’apporter ma contribution aux débats, en livrant mes constats et mes analyses sur la base de ma modeste compétence et des expériences, bien entendu il peut y avoir des appréciations subjectives. Je n’apporte ma contribution ni pour dénoncer, ni pour nuire mais pour éclairer et participer aux débats, point à la ligne. « Qui se sent morveux se mouche ». Je ne vous avais jamais demandé de me croire. Si vous constatez que les faits avancés ne sont pas vrais, prouvez le contraire. Cela éclairera davantage tout le monde. J’ai parcouru tous vos écrits et tiens à partager avec vous et les lecteurs, les éléments de mon analyse qui, au demeurant, ne sont pas des vérités bibliques :
· Contrairement à ce que vous avez avancé, tous les chercheurs ne publient pas et surtout pas ceux qui travaillent dans les entreprises privées, moins encore les chercheurs indépendants. Donc inutile de perdre le temps en tapotant dans le Google. MICROSOFT, APPLE, GOOGLE, SUNSUMG, GENERAL MOTORS, TOYOTA, SANOFI, BARKER et les autres emploient beaucoup des chercheurs dans leurs propres laboratoires. Ces chercheurs ne publient pas pour plusieurs raisons évidentes : confidentialité, rentabilisation des investissements, secret défense, domaines sensibles, … Je ne vous apprend rien en vous disant que ce sont essentiellement les universitaires qui publient pour leurs promotions académiques et pour faire « avancer la science !». Parfois, les universitaires s’approprient les travaux des chercheurs non universitaires, une fois tombés dans le domaine public. Récemment, ce phénomène des plagiats a fait des ravages en Allemagne, y compris au sein du Gouvernement fédéral.
· Je vous apprends également que les créateurs de Google, Microsoft, Apple et Facebook n’ont jamais publié quoi que ce soit avant la création de leurs merveilleuses sociétés dont tout le monde en profite et au passage ils amassent de colossaux bénéfices. Certains d’entre eux n’ont même pas la Licence. C’est comme la vie, il y a des créateurs, des bâtisseurs, des accompagnateurs, des dominateurs, des dominés, des contestateurs et pourtant il semblerait que nous sommes tous dotés des mêmes … S’il y a des lobbys qui dominent les autres pour une raison ou pour une autre, louable ou pas louable, qui est intelligent ? Celui domine ou celui est dominé ? Vous allez me dire, c’est le rapport de force. Mais, le rapport de force ne résulte-t-il pas de l’intelligence, du travail et du courage ?
· La tendance actuelle dans le monde universitaire n’est pas de beaucoup publier mais ce qui compte, c’est la publication dans les revues à « impact factor » important tel que SCIENCE, NATURE, ACTA MET, … et le nombre de citations de vos articles. Il existe des logiciels qui permettent de faire ce travail d’une manière précise et de détecter des plagiats qui sont nombreux et courants dans le milieu universitaire africain et tchadien en particulier. Je n’ai pas encore fait un travail sérieux sur le sujet.
· Quant à moi, je ne publie pas dans les revues ni dans les annales des universités africaines pleines des plagiats mais fais des rapports plus ou moins confidentiels aux entreprises qui sollicitent mes modestes compétences. Je n’ai pas la vocation et la prétention d’être un universitaire moins encore un prix Nobel.
· Vous êtes très acculturé par la culture française et vous vous accrochez au système francophone, comme le seul système au monde. Je ne suis pas contre le CAMES et le considère même comme un bel outil pour les africains francophones d’intégration et d’assimilation. Les procédures et les outils utilisés par le CAMES sont ceux de la France des années cinquante. Cette dernière les avait abandonnés dans les années 80. Depuis une dizaine d’années, les Français ont même adopté le système anglo-saxon de l’enseignement supérieur, baptisé pompeusement le système LMD (Licence-Master-Doctorat), présenté comme la panacée de l’enseignement supérieur. Alors que les anglo-saxons le pratiquent depuis plusieurs décennies.
· Les Français sont traumatisés par le Classement SHANGHAI, vous savez de quoi je parle. Sur 100 premières Universités classées, il n’ y a qu’ une université sud-africaine et une égyptienne au niveau de l’Afrique. Même sur les 150 premières, aucune université africaine, membre du CAMES. Pour vous dire que vos références ne sont pas les miennes. Allez chercher également les références universitaires ailleurs, ne vous contentez pas seulement de la France et de ses colonies. Le centre de gravité universitaire n’est pas là où vous pensez. Sortez et changez un peu votre repère. Pour votre culture universitaire, je vous recommande vivement la lecture deux livres écrits par le Professeur Philip G. ALTBACH, un des meilleurs spécialistes au niveau mondial de l’enseignement supérieur :
o Leadership for Word-class Universities et Trends in Global Higher Education, édités par Center for International Higher Education, Lynch School of Education, Boston Collège. Chestrut Hill, Massachusettes, en juin 2009.
· Dès le départ, j’ai eu des doutes que vous soyez étudiant à Burkina. D’abord dans votre premier article, vous êtes attribués un nom nordiste et vous avez parsemé votre article de fautes grossières pour rendre votre article crédible. Pour vous, un nordiste est nul en français. Des milliards de gens, de par le monde, ignorent superbement le français, travaillent, progressent, « publient », vivent avec leurs langues et se communiquent généralement en anglais au niveau international. D’ailleurs, la plupart des revues scientifiques reconnues mondialement ne sont pas en français, messieurs les chercheurs intelligents. Depuis que les internautes vous ont fait les remarques sur ces fautes, vous avez laissé tomber cette grossière…
· « Etudiant au Burkina », dans un de vos articles, vous nous avez fait, en live, le compte rendu d’une assemblée générale des enseignants tenue à N’Djaména en décrivant même l’atmosphère et les groupes constitués pour défendre leurs positions et c’est surprenant pour un étudiant se trouvant au Burkina. Peut être la magie de l’Internet et du Webcam ! La fibre optique n’est encore fonctionnelle à N’Djaména. A moins que les étudiants tchadiens, tellement riches, aient des connexions satellitaires portables avec leurs parents enseignants à N’Djaména …
· D’ailleurs, votre qualité d’étudiant à Ouaga est très facile à vérifier, …
J’ai promu de décrire tous les lobbys de l’enseignement supérieur et je le ferrai. Je n’ai encore fini mon travail. Patientez. Comme vous doutez de ma qualité de chercheur indépendant, je peux vous le prouver en vous retraçant discrètement l’itinéraire suivi par vos articles : de l’IP de l’ordinateur émetteur jusqu’au blog de Makaila. Pour des raisons de votre sécurité, je ne publierai pas ces informations mais je vous les enverrai par des voies appropriées.
A très bientôt.
M.A. MAHAMAT, chercheur indépendant.