Les commerçants tchadiens réclament le paiement de 4 milliards dus par l’Etat
APA-Ndjamena (Tchad) Les hommes d’affaires tchadiens, réunis au sein du syndicat des fournisseurs de l’Etat, se sont rendus jeudi au ministère des
Finances pour réclamer les créances estimées à plus de 4 milliards de FCFA, a appris APA de sources concordantes.
La quinzaine de membres du bureau du syndicat qui avaient fait le déplacement au ministère des Finances devait rencontrer le ministre des Finances, Gata Ngoulou, pour lui
exprimer les difficultés que les commerçants rencontrent suite au retard de paiement des factures dues par l'Etat, a-t-on appris auprès du syndicat.
« Mais au lieu d’être reçu par le ministre, c’est la police qui nous accueilli et dispersé » a déclaré à APA, Joseph Koïna Miliba, homme d’affaires et conseiller juridique du
syndicat.
« Il y a deux mois, le chef de l’Etat a instruit les services concernés de payer les dettes intérieures notamment les créances dues aux commerçants. A notre grande surprise, les
instructions du chef de l’Etat sont restées lettres mortes », déclare Joseph Koïna Miliba.
Le conseiller juridique du syndicat demande au chef de l’Etat de mettre sur pied une commission chargée de veiller à l’application de ses instructions parce que « beaucoup de
personnalités prennent des libertés avec les instructions du chef de l’Etat ».
Pour Seyna Ali, secrétaire général du syndicat, « ce qui se passe au Trésor est grave. Des factures fictives sont payées alors que les vrais fournisseurs de l’Etat ne sont pas payés
».
« Les caisses de l’Etat sont vidées au profit des voleurs et des faussaires », s’emporte-t-il, faisant allusion au scandale intervenu au ministère de l’Education où plus d’un
milliard a été sorti par le Trésor pour un marché non exécuté.
Homme d’affaires prospère installé en Guinée Equatoriale, Seyna Ali dit avoir regagné le pays après l’appel du chef d’Etat aux opérateurs économiques de la diaspora pour venir
investir dans le pays.
« Beaucoup d’hommes d’affaires comme moi sont rentrés pour apporter leur contribution à la construction du pays mais les pratiques au niveau du Trésor public déçoivent et ont ruiné
plus d’un opérateur économique.
Ces pratiques ne sont pas de nature à encourager d’autres commerçants tchadiens à revenir investir au pays » regrette Seyna Ali.
« En Guinée Equatoriale où j’ai exercé pendant longtemps, je n’ai jamais connu cela », rajoute l’homme d’affaires.
« Le chef de l’Etat a placé son mandat actuel sous le signe du social. Le mandat social, c’est surtout payer les factures des opérateurs économiques qui font tourner l’économie du
pays » renchérit Joseph Koïna Miliba.
« Nous avons contracté des crédits pour exécuter tous les marchés passés avec l’Etat. Aujourd’hui nous avons les banques sur le dos parce que nous n’arrivons pas à honorer nos
engagements. A côté des banques, nous avons aussi les co-traitants qui réclament leurs dus. Il ne se passe pas un jour où un fournisseur de l’Etat ne soit traîné à la gendarmerie ou à
la police par les co-traitants à cause de ces retards de paiement. Nous sommes dépassés », fulmine-t-il.
« Le gouvernement doit, à l’exemple de la Guinée Equatoriale, aider les hommes d’affaires tchadiens à être forts et non les affaiblir en refusant de payer les factures à termes échus
» conseille M. Ali.