"Les Afriques": la parole à M.Acheikh Ibni Oumar, opposant tchadien
« Les Afriques » :Pourquoi les échecs répétés des tentatives de
réconciliation nationale au Tchad ?
Acheikh Ibn-Oumar :
« Après le coup d’État du 1er décembre 1990 du général Idriss Deby Itno contre le président Hissène Habré, toutes les conditions étaient réunies pour rompre avec le cycle de violence au
Tchad.
Soulignons la tenue de la Conférence nationale en 1993, qui avait vu l’élection, à travers un scrutin contradictoire et transparent, d’un parlement provisoire et d’un Premier ministre de
transition, le règlement du litige frontalier avec la Libye (Aouzou) à La Haye, et les débuts de la production pétrolière.
Mais l’espoir fut de courte durée et le Tchad a renoué avec le feuilleton interminable des « accords de paix » suivis de violents combats.
A mon avis, tous les acteurs ont leur part
de responsabilité :
-L’opposition armée est handicapée par la contradiction entre le vernis national et démocratique de ses proclamations, d’une part, et la réalité clanique et patrimonialiste de son organisation
interne, d’autre part ; sans compter les querelles de leadership. –
-L’opposition civile légale souffre d’un émiettement paralysant (plus de 100 partis) et du « nomadisme » politique de ses dirigeants : virulents pourfendeurs des dérives dictatoriales (sic) le matin, et laudateurs du régime le soir. –
-Le pouvoir, obsédé par sa propre longévité à tout prix, ne connaît que deux méthodes : la récupération prébendière des opposants « raisonnables » ou l’élimination physique des récalcitrants, taxés de « mercenaires », d’« apatrides », etc.
-Les partenaires extérieurs, la France en particulier, font preuve d’une complaisance étrange vis-à-vis des pires dérapages du gouvernement.
Tous ces différents acteurs internes et
externes doivent opérer des révisions courageuses de leurs visions et de leurs modes opératoires si on veut voir une résolution en profondeur de la crise tchadienne. «
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