La question de la durée de la scolarité au Tchad

La question de la durée de la scolarité au Tchad
Par Vourboubé Pierre
Bonjour, Mak !
Mak, nous n’allons pas passé notre temps à répondre à notre ami Awia Soulba. Permets-moi de lui consacrer quelques lignes
quand même. Désinformation, écrit-il ? Le ministre n’a-t-il pas été à Tréné pour la première pierre d’un lycée moderne ? La pensée unique ? Qui avons-nous menacé pour ses
idées ? Qui avons-nous censuré dans le blog ? N’attendre que des retombées positives d’une déchirure entre les ressortissants d’une même région ? Pendant qu’ils s’entendaient, où
était le pouvoir ?
A ce rythme, Awia Soulba passera son temps à regarder notre doigt alors que nous lui montrons la lune ! La sage leçon
d’Amadou Hampâté Bâ ne l’a pas du tout servi ! Quel regret ! Toutefois, il doit comprendre que nous combattons l’exploitation ignoble des Tchadiens et c’est que nous dénonçons dans nos
chroniques. Notre « venin » n’est dirigé contre personnes mais, contre un système. Cependant, Awia Soulba n’a répondu à aucune de nos questions.
Cela dit, Mak, demain, le 25 mai, la plupart de nos établissements scolaires arrêteront leurs activités. Les élèves iront
en vacances. Oui, les cours sont finis pour nos enfants des classes dites intermédiaires. Ceux des troisièmes et terminales vont poursuivre jusqu’aux examens, BEPC et baccalauréat
respectivement. Les primaires (plus du public) ne cesseront que le 30 juin.
Tout compte fait, entre le 1er octobre et 25 mai, il y a bien huit mois. Théoriquement, c’est la durée des cours
au Tchad. Du moins pour ces classes intermédiaires. Je dis théoriquement parce que, de cette durée, il faut encore déduire les congés, les nombreuses absences des enseignants, la sempiternelle
question d’arriéré ou de retard de salaire, les retards liés aux affectations et aux difficultés de transport ainsi que bien d’autres paramètres qui jouent sur la durée réelle des cours. Dans
certains villages, les classes ne commencent qu’après le 1er janvier. Dans d’autres, il faut attendre que les récoltes soient faites pour utiliser les tiges afin d’en construire les
hangars. Dans d’autres encore, les enfants suivent leurs parents dans les champs de béré-béré et ne reviennent qu’après les récoltes. Ailleurs, les premières pluies compromettent les cours.
Etc. Autrement dit, les cours ne commencent pas réellement le 1er octobre partout sur l'étendue du
territoire. Dans quelques cas, à cette date, la cour est encore colonisée par les herbes et les animaux domestiques. A y voir de près, nos enfants ne fréquentent qu’en moyenne pendant cinq
mois ! Cinq mois pour finir un programme étalé sur trois trimestres.
Ce qui me touche le plus, Mak, c’est que dans certains lycées, les élèves de terminale ne voient pas un seul chapitre des
matières-clés, maths, histoire et géographie, physique et chimie ! En cause, le manque d’enseignants dans ces matières ! Autrement dit, après 52 ans d’indépendances nous n’avons pas
suffisamment d’enseignants de ces disciplines. Et tu demanderas ce que font les responsables scolaires.
Certains responsables se livrent à des guerres stériles pour des postes et oublient ce qu’ils doivent faire réellement pour
relever le défi. D’autres sont incompétents et s’occupent plus de leurs affaires personnelles. D’autres encore courent après les politiciens pour maintenir leur place ou être promus ailleurs.
Sans oublier la création anarchique des établissements scolaires. On les multiplie comme l’on veut, peut-être, permets-moi la comparaison, plus que les bars et les mosquées. Il faut aussi y
ajouter les conditions hostiles de vie dans certaines régions. Dans cette catégorie, rangeons les localités où les enseignants sont considérés comme des esclaves. Il faut aussi y ajouter le
niveau même de certains enseignants: il parait que l'une d'eux enseigne que les pieds sont terminés par des doigts et les mains par des orteils!
Quel avenir pour nos enfants ?