La chronique de Vourboubé Pierre: " Les éternels tripatouillages qui tuent la nation"
Les éternels tripatouillages qui tuent la nation
Par Vourboubé Pierre
Il y a 10 jours, un ami m’accueillait avec cette boutade, après la visite présidentielle dans le département du Lac Léré : « maintenant, arrêtez vos déchirements pour mettre à profit cette visite pour en gérer les retombées, dans l’intérêt supérieur des populations du Lac-Léré. »
Face à ce précieux conseil, voici ma réponse : « Mon cher ami, nous serons plus divisés que jamais, parce que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Je veux dire que les intérêts particuliers seront placés au-dessus des préoccupations des populations. »
Et ces effets, en voici quelques perles en relations avec les promesses faites par le Président de doter Léré d’infrastructures modernes.
Des infrastructures modernes, certes Le Président en a fait la promesse.
Lorsqu’il reçut l’élite politique de la région, le Président de l’UNDR, député du département tout en reconnaissant la justesse des promesses présidentielles, n’a pas moins rappelé que pour le bien des enfants de la région et pour le respect des procédures, il était vital que la réalisation des infrastructures promises soient confiés aux institutions en charges. Il faisait allusion au Ministère de la santé publique pour les centres de santé, au Ministère de l’éducation pour les lycées, les collèges et les écoles, etc. Pour cela, il a recommandé, et le Président de la République a accédé à sa demande, qu’un comité composé des enfants de la localité soit mis en place pour assurer le suivi de l’effectivité des réalisations. Cela devait aller de la procédure d’attribution des marchés à leur exécution en passant par le contrôle de la qualité des travaux, jusqu’à leur réception.
Or, nous apprenons que des marchés pour un montant global de 12.098.941.000 de nos francs, ont été attribués, que dis-je, distribués à une quinzaine d’entreprises dont 2 du Département du Mayo Dallah. Soit dit en passant, l’une des deux entreprises est une quincaillerie générale, plutôt expérimentés dans la vente de matériel que dans le domaine de la construction de bâtiments. Ce qui heurte, ce n’est pas tant le montant global des marchés, mais la manière cavalière et forte opaque avec laquelle les attributions ont été diligentées. Les dossiers desdits marché seront transmis, pour signature, à la présidence de la République, le mardi prochain.
Regardons la qualité et les expériences des entreprises attributaires des lots pour se faire une idée sur les ouvrages qui seront exécutés. Relevons au passage que les ministères concernés par ces infrastructures ont été royalement ignorés dans leur conception. Soulignons aussi la discrimination avec laquelle les géniteurs de la répartition ont procédé pour affecter lesdites infrastructures à tel ou tel village. Mentionnons encore le cynisme avec lequel les entreprises de la région ont été écartées du partage. Enfin, considérons les détournements d’objectifs qui ont caractérisé les affectations des infrastructures pour mieux apprécier l’obscurantisme de ce groupuscule aux desseins diaboliques qui s’est arrogé le droit de réfléchir et d’agir en lieu et place des instances en charge de l’exécution de tels projets.
De la qualité et des expériences des entreprises attributaires
Nous avons mentionné plus loin le cas de la quincaillerie établie dans le Mayo Dallah. Elle est attributaire pour un montant de 170.000.000 de F CFA. Une compensation de ses créances sur la commune de Pala.
L’entreprise Guépard construction (avez-vous vu un félin construire ?) a pour seule expérience la construction des dos d’âne dans la commune de Pala, sur des voiries en terre. Malgré tout, elle est attributaire pour un montant total de 510.438.006 F CFA pour construire des écoles dans le canton Lamé, village de son Directeur Général, le maire élu (c’est selon) de Pala.
En dehors des entreprises Geyser et Encobat dont on peut s’assurer de la fiabilité de l’expertise, les autres sont des sociétés à l’image de la situation chaotique du pays. Des illustres inconnues comme TROPIC et Green Work sont attributaires chacune pour un montant de 856.199.574 F CFA. La construction de trois lycées modernes leur est échue en partage. L’entreprise OCG qui a la fâcheuse habitude d’encaisser les avances de démarrage et de disparaître ensuite, se taille 912.207.504 F pour la construction des écoles à Ngara, Djeogo, Ngara Liambro, Moursalé Bamba, zalbi et Tebara. La SOGECT va construire, elle, l’hôpital de district de Léré pour 826.152.437, et, pour 634.214.624 F CFA, les centres de santé de Ribaou, Zaguéré, Elsion et Berliang. Gageons que l’expérience de l’hôpital de la mère et de l’enfant ne soit pas dupliquée à Léré. La société Sabbar reçoit 2.763.587.978 F CFA pour construire le marché moderne de Léré.
Que le ministère des infrastructures nous dise ce qu’il en est des chantiers de cette entreprise à Abdi, Kerfii, Koukou Angarana, Hadjar Hadid, Farchana, etc. Tous abandonnés à l’est du pays. Wadi Kindi, réputé peu fréquentable pour ses méthodes de corruption, est parmi les entreprises qui ont eu à construire les lycées modernes. Comme les deux précédentes, elle encaisse 856.199.574 F CFA pour cela. A ECOBOA, une entreprise appartenant à Me Jean Bernard PADARE, échoit la construction des écoles de Mademéré, Foul Doué pour 381.277.000 et Bodoro, Matenseng, Bariki pour 510.438.006 F.
La non association des ministères en charge des programmes concernés
La répartition des ouvrages à réaliser n’a pas été faite en association avec le ministère de la santé et celui de l’éducation. En ce qui concerne la cartographie des Lycées modernes, des collèges et des écoles, ces travaux seront réalisés au détriment de la politique de couverture géographique cheval de bataille du ministère de l’éducation national. Comment comprendre qu’un lycée moderne soit construit à Léré, et une autre à Tréné à 12 km de Léré, alors que Lagon, à 54 km de Léré, qui a un grand besoin d’une telle infrastructure ne bénéficie ni d’une école, ni d’un collège, ni d’un lycée encore moins d’un centre de santé ! Il en va de même de Guégou et de Binder. Un CEG à Binder ? une sinécure ! Les cas qui retiennent l’attention sont Zalbi où une école vient d’être réceptionnée voilà quelques semaines, et Bariki qui dispose déjà d’une école. Qu’a-t’on besoin d’en rajouter ? Le conflit larvé entre Zaguéré et Guegou va être exacerbé avec la construction d’un Lycée moderne. Zaguéré est à 10 km de Léré. Guegou, enclavé, plus éloigné (25km) de Léré, de surcroît chef-lieu de sous-préfecture, ne reçoit ni collège, ni lycée, ni centre de santé. Le comble ! On observe une concentration de réalisation d’ouvrages à Foultewaré, Koutouri, Tounawaya, Ngara, EGTH, zone d’influence du maire de Pala.
Quelle fin recherche-t-on ? Education et santé ou activisme politique ? Les grands perdants de cette cabale sont Guelo et Guetalé, deux gros villages avec de forte concentration de populations. Pourquoi font-ils l’objet d’une injustice aveugle ? A qui profite ce crime ? Les enfants de ces localités paieront cher, très cher, pour se soigner ou pour s’éduquer.
De la discrimination dans la répartition des marchés.
Puisque ces marchés ont été attribués en dehors des procédures légales de l’OMP, on aurait pu s’embarrasser d’un peu de scrupule pour donner l’occasion aux entreprises de la région de s’en sortir, en leur permettant de travailler. Que nenni ! Soumis à la logique de s’assurer une couverture en haut lieu et de se tirer avec une bonne part, les répartiteurs n’ont eu pour seule considération que leur égoïsme et leur égocentrisme. Les entreprises formées et outillées par le PRODALKA ont été tenues à l’écart du partage. ECBOP La Constance, une entreprise établis depuis plus de 10 ans à Léré, n’a pas bénéficié d’un regard bienfaisant. Son DG paye-t-il pour l’affront que la députée Habiba Sahoulba sa sœur a fait à Me Jean-Bernard Padaré ? Question ! Me Jean-Bernard Padaré, juriste, avocat, défenseur des droits de l’homme.
Beaucoup d’entreprise qui ont pion sur rue n’ont pas été sollicitées. On a préféré des amateurs, des arnaqueurs et des entreprises douteuses, mafieuses, dont la citoyenneté n’a d’égal que leur allégeance et la distribution des prébendes, mais jamais les réalisations fiables.
De la dotation des villages en infrastructures et du détournement d’objectifs.
La concentration des ouvrages dont nous avons fait mention plus loin ne profite pas aux villages bénéficiaires. Quand même ces réalisations ne couvriraient pas les besoins réels des populations concernées, il eut fallu tenir compte des réalités en se fondant sur les études faites par les services compétents des ministères concernés. Faute de cela, des doublons sont fait dans les répartitions. Il faut souligner aussi la fantaisie des répartiteurs qui sont tiraillés par le désir de tirer vengeances des frustrations dont ils ont été l’objet et de profiter d’éloges mal placés de la séduction d’avoir fait pour son village, au détriment d’un véritable service rendu à la nation, ce pourquoi ils ont été appelés aux fonctions. Ces réalisations sont ainsi détournées de leur objectif réel. Une fois encore, les populations font les frais de l’aveuglement de leurs enfants qui n’ont ni rêve, ni vision, si ce n’est pas de diviser, de s’enrichir.
Des desseins diaboliques des larrons en foire
Le travail de répartition a été fait par un groupe de 4 ressortissants de la région, enfermés dans une logique de prédation et de sabordage des efforts du gouvernement de la République. Si par leur travail ils nous font croire que les promesses du président de la République atteindront leurs objectifs, nous invitons simplement toute personne avertie à considérer la composition de cette équipe pour se convaincre de la fin recherchée. Qu’on ne se laisse pas abuser ! Le maitre d’ouvrage de cette conception n’est autre que Me Jean Bernard Padaré, entouré d’Abdoulaye Daba, Emmanuel Ignavourbé et M. Kaabé. Ce dernier gagne en grade pour le service rendu au comité d’organisation de l’accueil de la visite présidentielle à Léré. Il a réfectionné en une semaine et à grand frais, les locaux de la Préfecture de Léré, permettant à la délégation Présidentielle de trouver un cadre adéquat lors de son séjour. Pour cela, il a été récompensé avec un marché de 340.292.004 F pour la construction des écoles à Teyanbaida et Pouémé.
Enrichissement illicite ! Qui a dit qu’une guerre sans merci t’est livrée ?
Pendant que le peuple interpelle le gouvernement sur la gestion des fonds issus de l’exploitation de nos richesses, il y a malheureusement des individus qui se croient au-dessus de tout et n’en font qu’à leur tête. Ces gens tirent-ils leçon de ce qui se passe autour de Mahamat Saleh Annadif et autres ministres qui réfléchissent sur leur sort en prison ? Comme nous ne voulons du mal à personne, nous dénonçons leur agissement dans le souci que tout puisse bénéficier réellement à nos populations, selon l’art de la gestion des biens d’une nation. Malheureusement, il y a parmi eux des élus. Avec ce comportement, tout laisse croire ces loups dans la bergerie ne géreront pas autrement les maigres ressources des communes.