Idriss Deby Itno et Macky Sall sont-il victimes d’une vengeance privée des Ministres tchadiens ?
Certainement que les Présidents Idriss Deby Itno et Macky Sall ne savent pas que les arrestations et expulsion de journalistes, qui a terni leur succès militaire et écorché l’image de pays démocratique qui fait la fierté des Sénégalais, résulte d’une sordide vengeance privée.
En effet, le pouvoir d’Idriss Deby Itno est marqué ces dernières années par l’arrivée de jeunes irrévérencieux et suffisants, qui n’hésitent pas à abuser de leur position pour régler des comptes personnels ou humilier les députés. C’est ce petit groupe qui a, par exemple, poussé le zèle jusqu’à annoncer à « l’opinion nationale et internationale » avoir déjoué le 1er mai 2013, une action tendant à « déstabiliser les institutions de la République » c'est-à-dire un coup d’Etat, obligeant Idriss Deby lui-même à faire un démenti. C’est à juste titre que le Député Saleh Kebzabo a fait allusion, dans une réplique au Secrétaire Général du Gouvernement Samir Adam Annour qui l’agaçait, à « une bande de copains et de coquins tapis dans l’ombre, tels de mauvais garnements qui abusent du pouvoir ».
Le malheur du blogueur Makaila Nguebla, qui animait un blog du même nom à Dakar, a en effet été d’avoir publié à plusieurs reprises et ce depuis 2010, des informations sur les membres de ce groupe et particulièrement sur l’actuel Ministre de la Justice du Tchad Me Jean Bernard Padaré. La précision des informations font peser le soupçon sur Eric Topona et Avenir de la Tchiré, anciens employés de Me Padaré au Journal La Voix qui ont déjà subit la foudre de ce dernier. A ces deux journalistes, s’est mêlé le nom d’un troisième et mystérieux suspect, dont « les services » ont débusqué en la personne de M. Jean Etienne Laokolé, détenu depuis le 22 mars 2013 et presque oublié en prison.
Padaré connait bien Makaila pour lui avoir téléphoné le 17 octobre 2010 à la suite de la publication de la démission spectaculaire d’Eric Topona du journal La Voix et des menaces qui s’en ont suivie. A l’époque simple avocat, Padaré a convaincu le blogueur qui a salué son « esprit d’ouverture ». Mais les choses se sont vite gâtées par la suite, car ce bloggeur tenace, qui recherche effrénément la vérité et la justice malgré les multiples épreuves qu’il a traversé, ne sait pas se taire.
Et pour cause ! le 13 septembre 2011 survient l’affaire Matta-Léré, du nom d’un village où un Comité d’autodéfense a mené une dramatique expédition punitive contre le chef du village et trois de ses collaborateurs accusés de complicités dans les kidnappings des enfants contre rançons. Le Blog de Makaila multiplie les publications sur cette affaire, accusant Me Padaré, dans cette affaire qui a fait au total 12 morts dont 8 dans une minuscule cellule de gendarmerie, d’instrumentaliser la pauvre veuve Lahr Iddi en la poussant à porter plainte contre les justiciers et contre son frère ennemi le Député Saleh Kebzabo, accusé de complicité d’assassinat. La levée de l’immunité recherchée n’aura pas lieu, mais la paisible Communauté Moundang se retrouve divisée. Comme le faisait Tchadactuel pour la Présidence de la République, les réunions secrètes et les noms des « espions » de Padaré sont publiés quotidiennement tout au long de l’année 2012 et 2013. Un certain Vourboubé Pierre, qui rédige des « correspondances particulières de N’Djaména », savaient tout sur la vie privée du Ministre. C’est ce correspondant particulier qui, par exemple, a révélé en janvier 2012 que l’épouse Rwandaise de Me Padaré s’est envolé de N’Djaména avec 300 millions de Francs Cfa et qu’une autre de ses épouses la coule douce à Orléans en France en qualité de réfugiée politique. Des accusations assez graves et avilissantes.
L’on est bien servi que par soi-même
Alors qu’il était Ministre de l’urbanisme et des affaires foncières, Padaré n’a pu avoir de ses collègues (Justice, Intérieur, Communication et Secrétaire Général du Gouvernement chargé des relations avec le Parlement) la vengeance qu’il souhaitait. Certes Eric Topona a été muté à Fada, en plein désert (médiatique et géographique), Avenir de la Tchiré est de temps en temps menacé par le Procureur et Saleh Kebzabo fait l’objet d’attaques verbales régulières de la part du Ministre Secrétaire Général du Gouvernement. Quant au Mystérieux Vourboubé, il a fallu la « coopération » des services Sénégalais et tchadiens pour accuser le pauvre Jean Etienne Laokolé, à tort ou à raison. Mais en toute illégalité. Chose curieuse, Jean Etienne Laokolé est le neveu de Kebzabo et Eric est le fils de Topona, le N° 2 du parti de Kebzabo, l’UNDR.
Avocat de son état, Me Padaré sait mieux que quiconque tirer le meilleur parti possible des occasions. La fronde des Avocats ayant fait éloigner le turbulent et « docteur ? » Abdoulaye Sabre du Ministère de la Justice, c’est Padaré qui a été naturellement suggéré par le quarteron. Et c’est pile que tombe l’affaire des militaires de Gassi et le pamphlet de Moussa Tao. Le filet est cette fois-ci bien grand pour ratisser large. A chacun son ennemi car il y a suffisamment de la place : journalistes, députés, militaires... Mais le chanceux Saleh Kebzabo était encore à l’étranger, comme en février 2008, lorsque les assassins de l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh sont passés chez lui.
Présentée comme une affaire d’Etat, cette vengeance privée peine à trouver un début d’explication juridique. Cependant, jamais dans l’histoire du Tchad et du Sénégal, des individus –furent-il Ministres- n’ont jamais autant terni les images des deux Chefs d’Etat à la fois, au moment précis où ceux-ci bénéficiaient d’une attention particulière de la communauté internationale, les Etats-Unis et la France en tête.
Ahmat Ibrahim Arthur