Aqmi, alimenté délibèrement via le Tchad en armes à feu
Le ministre espagnol de l'Intérieur le reconnaît
«La guerre de Libye alimente Aqmi en
armes»
Les ministres des six pays européens membres du G6 (Espagne, Royaume-Uni, France, Italie, Allemagne et Pologne) et leur collègue américaine, Mme Djanet
Napolitano, sont formels : «Il y a bien trafic d’armes depuis la Libye en faveur d’Al Qaïda pour le Maghreb islamique établi au Mali et la guerre de Libye a consolidé les bases de cette
organisation terroriste dans la région.»
Alger avait raison
Les Européens ont fini par admettre officiellement les informations sur le trafic d’armes vers le Sahel depuis la Libye via le Tchad, annoncées par le
gouvernement algérien depuis le début de la guerre en Libye, une crainte que seuls les Américains partageaient.
La consolidation des bases du terrorisme dans la région du Sahel a nettement émergé des travaux de la réunion des ministres de l’Intérieur des pays européens membres des Etats-Unis qui s’est tenue, jeudi à Madrid.
Le ministre espagnol de l’Intérieur, M. Alfredo Perez Rubalcaba, a reconnu que le trafic d’armes s’effectue depuis la Libye vers les bases d’Aqmi dans le Nord du Mali où, a-t-il averti, «il n’est pas exclu que dans cette conjoncture de crise en Libye, du matériel de guerre appartenant à l’armée libyenne soit déjà tombé aux mains des terroristes».
L’Algérie avait averti, en avril dernier, qu’un lot de Sam 7 de fabrication russe était déjà aux mains d’Aqmi, sur quoi les capitales européennes avaient gardé le
silence, Paris donnant même un certain crédit aux rumeurs sur le prétendu financement des mercenaires africains pour soutenir le régime de Kadhafi.
Absence d’une action conjointe
Après avoir constaté «les très bonnes relations» que l’Espagne entretient séparément avec chacun des pays membres du G6 et des Etats-Unis, dans sa lutte contre le
terrorisme et le crime organisé, le ministre espagnol de l’Intérieur a, en revanche, déploré que les pays européens et les Etats-Unis n’agissent pas conjointement contre le terrorisme au
Sahel.
Comme preuve évidente de ce constat, l’Espagne et les Etats-Unis ont signé, en marge de la réunion de jeudi, un accord sur «la coopération scientifique et
technologique en matière de sécurité qui permet aux enquêteurs espagnols de pouvoir établir des contacts bilatéraux avec leurs homologues américains, afin de prévenir les menaces de terrorisme et
d’envisager les réponses appropriées à ce phénomène».
Les trafiquants d’armes
L’agence de presse espagnole Efe, cité par le quotidien ABC, croit savoir que «ce trafic d’armes est, dans une large mesure, l’œuvre de combattants touaregs qui ont
fui la guerre en Libye pour s’établir dans des camps au Mali».
M. Rubalcaba a brossé un tableau des plus sombres sur la situation sécuritaire au Sahel et dans le Maghreb, à la suite de la recrudescence des activités terroristes dans cette région située dans le voisinage immédiat de l’Espagne. Depuis le début du conflit libyen, on s’emploierait à multiplier ses bases de repli pour élargir son champ d’action contre les objectifs occidentaux, «tout comme a tenté de le faire Al Qaïda contre les Etats-Unis, depuis la péninsule arabique», a fait observer le ministre espagnol.
Au cours de son intervention, ce dernier s’est dit convaincu qu’il existe un lien direct entre le terrorisme, le trafic de drogue et le crime organisé au Sahel, avant d’inviter ses pairs à agir conjointement pour empêcher Aqmi d’«accroître sa menace» contre l’Espagne et les pays occidentaux».