Affaire Habré - Communiqué de presse des avocats sénégalais des victimes
Dakar, le 03 Juillet 2013 à 17H00
COMMUNIQUE DE PRESSE
Au lendemain de l’inculpation de Hissène HABRE pour Crimes contre l’Humanité, Crimes de Guerre et Crimes de torture et son placement sous mandat dépôt, les milliers de victimes se remettent de leurs émotions après 23 ans d’abnégation sans faille et d’obstination quant à la réalisation d’un droit inaliénable : celui de voir leur cause entendue par un tribunal et ce grâce à deux mécanismes dont l’humanité s’est dotée dans sa croisade contre l’impunité sous toutes ses formes :
L’imprescriptibilité des crimes les plus
graves ;
Le mécanisme de la Compétence
Universelle.
Pourtant aussi soulagées soient-elles, les victimes sont de nouveau meurtries par la propension outrancière à la victimisation aujourd’hui savamment orchestrée par les avocats de Hissène HABRE.
- Les milliers de victimes du régime Habré n’ont-elles pas le droit de demander au responsable de leurs souffrances des explications ?
- Comment peut-on s’indigner de l’arrestation de Hissène Habré et ne montrer aucun respect pour les milliers de disparus des années Habré ?
- La dignité de Habré doit être respectée, mais ses avocats ne peuvent le faire au détriment de l’honneur de 40 000 victimes dont la souffrance n’a que trop durer.
- Après des années de tergiversations, les peuples tchadiens et sénégalais et les victimes du régime Habré n’ont-elles pas le droit de connaître la vérité sur ce qu’il s’est passé ?
Seul le verdict proclamé à l’issue d’un débat judiciaire contradictoire et loyal, exempt de ces éternels artifices et jeux d’échecs destinés à faire obstacle ad vitam eternam à la tenue d’un procès, permettra de dévoiler la vérité.
Il est temps de cesser de fuir le débat portant sur les faits, trahissant ainsi une certaine crainte de la vérité. Les preuves sont là : la répression contre les Sara, les Hadjaraï ou les Zaghawas, les tortures, les assassinats, quand est-ce que les avocats de Habré vont-ils aborder ce sujet ?
Aussi les victimes en appellent à un débat judiciaire chevaleresque qui implique la courtoisie et le respect mutuel pour la manifestation de la vérité et rien que la vérité.
Elles réitèrent leurs exigences d’un procès juste et équitable dans le respect absolu de la présomption d’innocence et des droits de la défense en vue d’un procès exemplaire au seul bénéfice d’une Afrique débarrassée de ses démons et réconciliée avec elle-même.
Le coordonnateur des avocats Sénégalais des victimes
MAITRE ASSANE DIOMA NDIAYE
Tel: +221 77 638 79 13