Processus démocratique en Afrique : ambivalence de Paris au Tchad
Les Tchadiens sont les plus lésés, du continent dans le cadre du
processus démocratique enclaché en Afrique, du fait de
l’ambivalence de la politique de Paris dans leur pays.
En effet, le projet de révision constitutionnelle au Niger, a suscité chez de nombreux observateurs nationaux , un sentiment supplémentaire de frustrations, d’être des laissés –pour- compte en Afrique des peuples qui revendiquent des aspirations démocratiques.
Le Président du Niger, Mamadou Tandja, a accédé légalement au pouvoir par un suffrage universel. Aujourd’hui, il fait l’objet des vives
contestattions au niveau national et international à cause de la reforme de la constitutution dans son
pays, dont, il envisage de soumettre à l’appréciation du peuple par voie référendaire pour briguer un
autre mandat.
En Afrique, il est ainsi avéré de façon générale, que les dirigeants sont motivés par l’intempérance de se percher pour longtemps au pouvoir sans y songer à l’alternance politique ou démocratique afin d’autoriser l’accession aux trônes par des moyens légaux de leurs challengers politiques.
A la différence donc du Président Mamadou Tandja au Niger, Idriss Deby, au Tchad, est parvenu au pouvoir, par une convulsion militaire sanglante.
De 1990, à 1996 jusqu’en 2001, à l’aide de la France, il a brigué des mandats présidentiels à travers
des élections non transparentes marquées d’irrégularités récurrentes.
Le 10 mai 2005, et dans ce contexte politique particulièrement difficile, qu’il a opté pour un forcing malgré une abstention massive des sensibilités socio-politiques du pays, pour sauter le verrou qui limitait constitutionnellement les mandats présidentiels au Tchad. Ce qui lui a permis de se répresenter en 2006 et remporter seul une énième magistrature qui lui a ouvert la voie à une présidence à vie dans le pays.
A l’époque, Paris, qui, dénonce actuellement, la révision constitutionnelle au Niger, n’a pas manifesté
le sentiement de s’en offusquer devant une telle
initiative anti-démocratique au Tchad.
Le peuple tchadien, estime que la France qui se veut garante des valeurs démocratiques chez elle, doit faire montre d’une exemplarité sans faille, pour permettre aux Tchadiens, de s’inscrire résolument vers un processus démocratique qui garantirait des élections fiables et justes pour tous.
De la même manière où les médias français couvrent pleinement les événements politiques au Niger, Paris, doit susciter chez les Tchadiens et développer en eux le sens de protestations politiques par une culture de l’enracinement des valeurs démocratiques.
Nous avons l’ultime conviction que la politique africaine de la France varie clairement en fonction des intérêts qu’elle défend et cela fluctue suivant la tête du dirigeant au pouvoir qu’elle
souhaite maintenir dans telle contrée ou telle autre.
Que la politique africaine de la France au Tchad et en Afrique, rime avec la volonté des peuples qui choisissent librement leurs dirigeants : seul gage pour une stabilité politique,
la paix sociale dans nos pays et la crédibilité de nos
institutions républicaines et démocratiques.
Makaila Nguebla