« Le député et opposant tchadien Ngarlejy Yorongar, on
s’en souvient, avait été arrêté à l’instar d’autres opposants courant début 2008 lors de l’attaque rebelle contre la capitale tchadienne. Il avait été accusé de complicité avec les
rebelles en même temps que d’autres opposants au régime de N’Djamena après l’échec de putschistes dans la prise du pouvoir. Traînant encore les séquelles de ses tortures, il risque
aujourd’hui de mourir s’il ne bénéficie d’aucune aide de la part de la communauté internationale.
L’opposant, qui pendant sa détention avait été torturé puis abandonné nuitamment dans des champs après une simulation d’exécution, avait fait (on
s’en souvient également) un récit pathétique des conditions de leur arrestation et détention sur les antennes de RFI au micro de Christophe Boisbouvier et du journal bien connu,
Afrique Education. On retiendra de ce récit qu’il avait regagné le Cameroun à pied avant de se rendre en France pour des soins et on retiendra aussi qu’Ibni Oumar Mahamat Saleh,
autre opposant arrêté, a eu certainement moins de chance puisque jusqu’à ce jour, son corps n’a pas été retrouvé.
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Plus d’un an après, le président français Nicolas Sarkozy, qui disait avoir fait de cette Affaire plus qu’une préoccupation, ne
semble plus s’en souvenir. Il en est de même pour son chef de la diplomatie, Bernard Kouchner, très loquace sur la question à l’époque des faits. La France officielle a-t-elle
choisi de soutenir le président Idriss Déby Itno au détriment de toute idée de consolidation de la démocratie au Tchad ? C’est là toute la question !
Que les soldats français du Dispositif Epervier apportent leur soutien aux troupes tchadiennes pour mettre en déroute les rebelles venus du Darfour, sur la base d’accords de coopération
et de défense entendus dans un sens très favorable au pouvoir en place, cela est une chose mais que des diplomates français en poste à N’Djamena ne lèvent pas le petit doigt alors
qu’un homme politique d’envergure comme Ngarlejy Yorongar risque la mort à défaut de soins appropriés, cela est inadmissible et interpelle sur ce sens de la Rupture promise par le
président français dans ses relations avec l’Afrique.
Au vu du dossier à nous transmis, le député et opposant Ngarlejy Yorongar a déposé une demande de visa le 25 février 2009 à l’Ambassade de France à N’Djamena pour une évacuation
sanitaire dans l’Hexagone avec toutes les pièces exigées dont une Note verbale du ministère tchadien des Affaires étrangères qui reprend le motif du voyage. Notons que Mr Yorongar a dû
se battre pour obtenir une autorisation d’absence du territoire signée du président de l’Assemblée nationale et transmise avec une seconde Note verbale le 05 mars 2009. Et jusqu’à ce
jour, le visa n’a pas été délivré pour lui permettre de se faire examiner par son médecin traitant au Centre Primo Levi, le Docteur Mireille Joussemet, qui avait souhaité le revoir au
plus tard en mars 2009.
Dans la nuit du 29 au 30 mars 2009, les médecins tchadiens avaient diagnostiqué une hémiparésie droite d’installation brutale, un accident ischémique transitoire (AIT) qu’ils décrivent
comme « le signe précurseur d’un accident vasculaire cérébral », « des troubles de mémoire, des céphalées et vertiges, symptomatologie bien connue sous la
terminologie de syndrome subjectif des traumatisés crâniens ».
Depuis cette date, la maladie avance d’autant que les médecins tchadiens ont avoué leurs limites, notamment au niveau infrastructurel, et souhaité que cet homme âgé de 61 ans, puisse
bénéficier de soins appropriés à l’étranger.
L’Ambassadeur Bruno Foucher, qui a évoqué comme l’ont rappelé Jeune Afrique (N° 2459 du 24 février au 1er mars 2009) et le Canard Enchaîné du 04 mars 2009, une collusion entre les
opposants et les rebelles, voudrait-il aider le président Déby en portant sur lui la responsabilité d’une éventuelle mort d’un homme qui a opté de lutter, comme il ne cesse de le
répéter, avec les moyens républicains ?
Au niveau de l’UNDD, nous allons entreprendre des démarches, avoir des initiatives pour aider notre ami tchadien car on ne peut pas se mobiliser pour des opposants étrangers au
continent, comme Ingrid Betancourt et Aung San Suu Kyi, et laisser nos frères africains, qui ont tout autant besoin de compassion et d’aide, en plan.
Que tous ceux qui sont sensibles aux cris de détresse du député Yorongar et qui ont des moyens d’infléchir le cours des choses, agissent pendant qu’il est encore
temps !
Ouagadougou, le 20 Mai 2009
Deval MILLOGO
Secrétaire national chargé des Relations extérieures de l’UNDD
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