Injustice criarde à Gardolé!
Gardolé, l’un des plus vieux quartiers de N’Djamena, est sur le point d’être entièrement démoli. Depuis quelques jours, les habitants de cette localité font leurs valises entre
sourdes déceptions, cris d’enfants et larmes des parents.
Ajoutant à la douleur des propriétaires qui ne savent plus où se loger et dans quelle école doivent-ils envoyer leurs enfants après ces déménagements forcés en pleine année scolaire, les
autorités décident arbitrairement des montants des indemnités accordées.
Ainsi, plusieurs familles ont été indemnisées à hauteur de 750 000 F.Cfa (1150 €) pour les moins loties. Les plus chanceux ont eu droit à 1000. 000 F Cfa (1524 €).
En marge de ces familles indiscutablement défavorisées, d’autres familles, notamment celle de Chachati, ont eu droit à 90.000.000 F.Cfa (140.000 €).
Le père du cinéaste Mahamat Saleh Haroun (photo) aurait ainsi refusé l’offre des 2.000.000 F.Cfa (3000 €) que lui proposent les autorités municipales pour une maison dont la valeur vénale est
estimée à plus de 45 000.000 F.Cfa (70.000 €).
Par ailleurs, les agents qui procèdent aux indemnisations des propriétaires « déguerpis » se promènent avec l’argent liquide dans de gros sacs qu’ils transportent sur eux. Ils font émarger les
propriétaires sur des simples documents sans leur donner des reçus qui attestent du montant réellement perçu. Les habitants de Gardolé soupçonnent des fraudes massives de la part des agents.
L’affaire est très sérieuse.
Enfin, les habitants de la localité avoisinant le lycée technique commercial (LTC) sont également en train d’être expulsés de leurs habitations depuis dimanche matin. A la différence des
habitants de Gardolé qui ont au moins une indemnisation (même modique), ceux de la localité du LTC n’ont droit à aucun dédommagement. Cette injuste expropriation (c’en est une, il faut le dire)
est ressentie encore avec plus de douleur. Espérons qu’il n’y ait pas des actes désespérés.