Tchad: Human Rights Watch plaide pour l'opposition démocratique
Les deux opposants tchadiens disparus depuis l'attaque rebelle de début février contre N'Djamena, que les autorités nient détenir, ont bien été arrêtés par l'armée et la communauté
internationale doit réclamer leur libération, a déclaré mardi l'ONG Human Rights Watch (HRW).
"Une enquête de Human Rights Watch au Tchad a établi que deux membres de l'opposition politique, que le gouvernement affirme ne pas détenir, ont en réalité été arrêtés par les forces
gouvernementales de sécurité le dimanche 3 février", affirme l'organisation de défense des droits de l'Homme dans un communiqué reçu par l'AFP à Libreville
Leur arrestation a fait partie d'une vague de répression contre les opposants politiques", ajoute-t-elle. "Nous tenons le gouvernement pour entièrement responsable de leur état de
santé et leur retour en toute sécurité", poursuit-elle.
Ibni Oumar Mahamat Saleh, porte-parole de la principale coalition de l'opposition tchadienne, et le député Ngarlejy Yorongar ont été arrêtés à l'issue de la bataille de N'Djamena entre rebelles
et armée.
Le gouvernement tchadien a d'abord dit ne pas savoir dans quelles circonstances ils avaient disparu, puis a suggéré qu'ils avaient été enlevés par les rebelles, et a finalement affirmé que M.
Yorongar avait "réapparu" dans son quartier tout en se cachant.
"La famille et les avocats de Yorongar démentent qu'il soit réapparu", insiste l'organisation, demandant au gouvernement de "s'expliquer sur la +disparition+" des deux hommes.
"HRW exhorte les gouvernements concernés à faire pression sur le gouvernement tchadien afin que les membres de l'opposition détenus soient relâchés ou inculpés", écrit l'ONG.
"Le gouvernement tchadien doit publiquement avouer où se trouvent Yorongar et Ibni", plaide encore HRW. "Ils devraient être relâchés immédiatement, ou inculpés d'un crime, et tous leurs droits
doivent leur être reconnus, dont le droit d'avoir accès à un avocat et de prendre contact avec la famille (...) ainsi que le droit à une audition devant un juge impartial afin de déterminer la
légalité de leur détention".
L'organisation évoque également le cas de l'ancien chef de l'Etat Lol Mahamat Choua, président du comité chargé de l'application de l'accord du 13 août 2007 entre opposition et pouvoir devant
aboutir à des élections démocratiques en 2009. Les autorités ont reconnu que ce dernier, également enlevé le 3 février et initialement porté disparu, était bien en détention.
"M. Choua est retenu sans charge dans une prison militaire de N'Djamena", dénonce HRW.
Enfin, l'ONG déplore des "menaces de mort" proférées par des "inconnus" contre Me Jean-Bernard Padaré, l'un des avocats des familles des opposants "disparus", et des "tentatives d'arrestations
d'autres membres importants de l'opposition".