Rebelles du Tchad : « Si les troupes françaises s’interposent, nous nous battrons contre elles »
Rebelles du Tchad : « Si les troupes françaises s’interposent, nous nous battrons contre elles »
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Interview de Brahim Kochi, conseiller spécial du général Noury, le principal chef des rebelles au Tchad. Selon lui, les Français auraient d’abord négocié avec les rebelles, avant
de les bombarder. Ils contrôleraient tout le pays, à l’exception de la capitale. Et il lance des avertissements à Paris en cas d’intervention dans le conflit
Joint au téléphone ce mercredi 6 février, Brahim Kochi est le conseiller spécial du général Noury, le principal chef des rebelles au Tchad. Bakchich l’avait
déjà rencontré, il y a 3 mois, lors d’une tournée européenne et notamment en France, visite au cours de laquelle il avait tenté, sans succès, de prendre contact avec les autorités
françaises.
Il livre à Bakchich son analyse de la situation politique et militaire au Tchad, très instable après plusieurs jours de combats et surveillée de très près à
Paris, qui soutient le régime du président Idriss Deby.
Bakchich : Quelle est aujourd’hui la situation militaire ?
Brahim Kochi : à l’exception de la capitale N’Djamena, nous contrôlons tout le pays. Nous avons écrasé les troupes de Déby et seule la présence
des troupes françaises et le souci d’éviter un bain de sang parmi les civils nous a momentanément conduit à nous retirer de N’Djamena .
Le Président tchadien affirme le contraire et explique que vos troupes sont en déroute… Selon certaines sources, le général Noury serait
lui-même blessé.
Brahim Kochi : Je viens d’avoir le général Noury au téléphone, je démens formellement qu’il soit blessé. Lorsque nous avons investi la
capitale, la stratégie que nous avons adoptée a été de faire « le moins de casse » possible. Nous aurions pu investir la Présidence et même, dans les premières
heures, l’aéroport. Les autorités françaises ont alors négocié avec nous en laissant entendre qu’elles allaient exfiltrer Déby. Ils nous ont aussi demandé de conserver l’aéroport afin de
pouvoir évacuer les ressortissants français. Ce que nous avons accepté en signe de bonne volonté.
Le deuxième jour, nous avons constaté que les militaires français laissaient décoller des hélicoptères, lesquels ensuite nous bombardaient. Par ailleurs, les Français ont
rapatrié d’Abéché, dans l’est du pays, via un avion Transall, des soldats rebelles soudanais lesquels sont donc venus prêter main-forte à Déby. Ce sont les seules troupes dont il dispose
aujourd’hui et c’est contre eux que nous sommes battus.
Paris a démenti formellement toute intervention militaire.
Brahim Kochi : Je maintiens mes affirmations, j’affirme par ailleurs que nos troupes ont également été bombardées lundi soir par un hélicoptère
Puma de l’armée française.
Selon vous, comment va évoluer la situation dans les jours à venir ?
Brahim Kochi : Nos troupes ont subi très peu de pertes et sont actuellement en position à l’extérieur de la ville. Elles vont lancer une
nouvelle offensive. Dès lors il y a deux possibilités. Soit la France redevient raisonnable et n’intervient pas dans le conflit, soit les troupes françaises s’interposent et cette fois, c’est
sûr, nous nous battrons contre elles.
Avez –vous actuellement des contacts avec les autorités françaises ?
Brahim Kochi : En dehors de ceux évoqués lors de l’investissement de la capitale, nous avons essayé de prendre contact avec les autorités
politiques françaises, mais sans succès. Les autorités ont refusé. Je vous précise que nous ne sommes pas opposé au déploiement de l’Eufor et que nous sommes prêts à contribuer à son
déploiement dans de bonnes conditions.
Propos recueillis par Eric Laffite
mercredi, 6 février 2008 | par Eric Laffitte