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Alerte Info: Les autorités tchadiennes doivent s'investir pour assurer la sécurité des populations et garantir la paix civile à tous //

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Publié par Makaila

 
La poursuite des hostilités au Darfour et le conflit larvé entre le Tchad et le Soudan, par groupes rebelles interposés, pourraient déboucher sur un conflit de dimension internationale dans la région, a averti vendredi un haut responsable de l'ONU.

 

Le Français Jean-Marie Guéhenno, secrétaire général adjoint pour les opérations de maintien de la paix, qui a visité le Darfour en janvier, a déclaré au Conseil de sécurité que "la situation a été exacerbée par les violences au Tchad ces derniers jours".

"Le potentiel déstabilisant pour la région de la crise du Darfour est illustré par les informations faisant état d'un appui soudanais aux mouvements des rebelles tchadiens d'une part, d'autre part d'un soutien apporté au gouvernement tchadien par certains rebelles du Darfour", a-t-il dit.

L'attitude des deux gouvernements "qui s'accusent mutuellement de soutenir les rebelles de part et d'autre de leur frontière, aggrave le climat de défiance, alimente les tensions entre les deux pays et démontre que le potentiel existe d'un conflit de dimension internationale dans la région", a ajouté M. Guéhenno.

"Les récentes hostilités au Darfour-ouest entre le gouvernement du Soudan et la faction du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) de Khalil Ibrahim, et l'accroissement de leurs forces dans la région constituent l'un de nos principaux problèmes de sécurité au Darfour", a-t-il encore dit.

Le JEM-Khalil Ibrahim est réputé proche du président tchadien Idriss Déby Itno.

S'adressant ensuite à la presse, M. Guéhenno a exprimé son inquiétude devant les informations faisant état de nouveaux combats au Darfour-ouest.

L'armée soudanaise, soutenue par des miliciens Janjawid, a lancé vendredi une offensive d'envergure contre plusieurs localités de cette région, faisant plusieurs dizaines de tués et de blessés, selon un commandant du JEM.

La situation a des conséquences négatives sur le déploiement au Darfour de la Minuad, la force "hybride" ONU-Union africaine (UA), qui continue de souffrir "de sous-effectifs et de sous-équipement sérieux" et de difficultés logistiques et administratives, a ajouté le responsable onusien.

La Minuad doit devenir la plus importante force de maintien de la paix dans le monde avec 20.000 soldats et 6.000 policiers. Mais seuls 9.000 hommes sont pour l'instant déployés.

M. Guehenno a indiqué que l'ONU s'attacherait en priorité à déployer un contingent de troupes éthiopiennes, à condition que Khartoum accepte rapidement le déploiement simultané d'unités de forces spéciales népalaises et thaïlandaises.

Khartoum traîne des pieds depuis des mois pour permettre que des non-Africains fassent partie de la Minuad, insistant pour que l'ONU épuise d'abord les possibilités de fourniture de troupes africaines.

M. Guéhenno a également déploré que la Minuad ne dispose toujours pas "de certains matériels indispensables de transport aérien et terrestre", c'est-à-dire 24 hélicoptères de transport et d'attaque considérés comme essentiels pour la mobilité et l'efficacité de la force.

La Minuad a pris début janvier le relais de l'Amis, l'ancienne force de l'UA, mal équipée et sous financée. Elle est chargée de protéger les populations civiles sur un territoire grand comme la France livré à la guerre civile depuis cinq ans.

L'émissaire de l'ONU au Darfour, Jan Eliasson, a pour sa part indiqué au Conseil que les perspectives d'un accord rapide entre les multiples factions de la rébellion sur des positions communes "apparaissent minces".

M. Eliasson et son homologue de l'UA Salim Ahmed Salim tentent de faire redémarrer le processus de paix après l'échec de pourparlers en octobre en Libye.

Province occidentale du Soudan, le Darfour connaît depuis février 2003 une guerre civile qui a fait quelque 200.000 morts et plus de 2 millions de déplacés, selon l'ONU. Khartoum conteste ce bilan et ne parle que de 9.000 morts.