Tchad: L'ANR dénonce le vol de la victoire sur Deby par la France
On est tous profondément tristes de voir la façon dont on nous a volé notre victoire.
Voir le pire tyran de notre histoire se pavaner devant les media français complaisants et pouvoir continuer ses ravages en toute impunité, remplit nos cœurs d’amertume.
Quelle erreur commettent les dirigeants français !
Ce n’est pas Deby qu’il faut sauver, mais le Tchad !
Cependant essayons d’avoir une vision objective des choses.
De plus en plus de citoyens français commencent à comprendre la vérité sur Deby.
Le club Jean Jaurès, le journal La Croix, de grands éditorialistes,les ONG, des anciens Ministres publiquement et des Ministres en exercice officieusement, l’opinion publique africaine, tous demandent des explications.
Sarkozy, en grosse perte de vitesse dans les sondages essaie d’éviter une déroute aux prochaines élections municipales. Il a vu dans le soutien à Deby un coup médiatique et il a troqué son soutien contre la grâce débyque dans l’affaire Arche de Zoé.
Il va cependant falloir que Paris s’humilie devant le dictateur en demandant la grâce. Il n’est pas sur que l’opinion publique française apprécie.
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Le pire est cependant à venir pour Deby. Il ne cesse de demander l’arrivée de l’Eufor pour sécuriser encore plus son pouvoir. Mais l’Eufor va amener avec elle des journalistes de toutes origines. Tous ne sont pas français et certains finiront bien par décrire le régime cruel, maffieux et inefficace de Deby.
On verra rapidement l’opinion publique européenne déchanter. Contrairement à ce qui est seriné par Paris, les soldats s’apercevront bien vite qu’on leur a menti et qu’il n’y a rien d’honorable dans leur tâche. Ils verront Deby ou ses milices se livrer aux pires exactions et on leur interdira d’agir.
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Mais analysons surtout ce qui s’est passé lors de la bataille de N’Djaména.
Les forces du tyran se sont effondrées avec une rapidité inouïe. Il a perdu quasiment tous ses officiers et il a pu voir s’enfuir aux premiers coups de feu Mahamat Ismail Chaibo, Mahamat Bachir , Adoum Younousmi et tant d’autres, cependant que le général Touffa rejoignait la rébellion.
Si la France n’avait pas protégé Deby, si les hélico de l’ANT n’avaient pas été révisés et armés dans la base militaire française, si comme le dit Kouchner « une véritable opération militaire » n’avait pas été menée, Deby aurait été renversé facilement.
Dans cette opération Deby a perdu ses hommes les plus fidèles. Ses alliés soudanais ( tiens ceux la ne sont pas condamnés par Paris ) ont été anéantis.
Le monstre est exsangue, il ne tient que par l’armée d’occupation coloniale qui finira, un jour ou l’autre, par le lâcher.
Il va en effet falloir financer l’occupation du Tchad et Paris fait face à des déficits financiers qui vont se creuser. Payer pour garder Deby sera de plus en plus mal supporté au fur et à mesure que les manifestations anti françaises, comme celle qui se prépare à Ottawa, vont se multiplier. Toute l’Afrique va se mobiliser, on le voit bien, contre la forfaiture.
Ne croyons pas que l’opinion française est d’accord, le soutien au dictateur est décidé par Sarko et Kouchner, c’est à dire Neuilly et le quartier latin, ça fait riche c’est sur, mais cela représente peu d’électeurs.
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Si Deby sort très affaibli des affrontements, la rébellion a t’elle beaucoup souffert ?
La grande majorité des rebelles s’est repliée en bon ordre, la capacité de feu est pratiquement intacte.
En outre une grande partie des troupes d’opposition n’a pas été engagée.
Une partie de la rébellion, comme en 2006, est partie trop tôt.
Manquant de sens tactique, ils sont partis à l’abordage sans sécuriser la logistique. Ils se sont vite trouvés sans munitions et sans équipements mais, s’ils ont reculé, leur nombre et leur puissance de feu est maintenue pour l’essentiel.
C’est à cause de la déliquescence actuelle de l’ANT que ces rebelles ont pu avancer si vite et rentrer dans l’ANT comme dans du beurre. Répétons le, c’est l’armée française qui a permis à Deby de résister. Sans elle le tyran n’aurait pas tenu deux jours.
Pendant qu’une partie de la rébellion se trouvait à N’Djaména, les plus expérimentés et les mieux commandés se trouvaient autour de Mongo et aussi à Oum Hadjer, concentrant les forces et les équipements.
Ce sont ces hommes dont on a signalé la présence souvent, qui devaient faire mouvement vers la capitale et emporter la décision.
A la suite de l’intervention coloniale française et, devant les menaces proférées, les rebelles sont maintenant à l’abri.
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Aujourd’hui la rébellion est toujours aussi forte, sans doute même plus qu’avant ,car de l’expérience a été acquise.
Les masques sont aussi tombés et on a vu qui cherchait une place, en demandant bruyamment une collaboration honteuse, et qui souhaitait sincèrement la chute du tyran.
En soutenant un régime abominable, Paris s’est engagé dans une situation sans issue, « no future » comme disent les américains à cette politique.
Deby sautera, c’est inévitable, les dirigeants français auront simplement prolongé le calvaire tchadien.
La rébellion est toujours aussi résolue car aucun Tchadien ne peut accepter ce qui est infligé quotidiennement à sa famille et à son pays.
Simplement l’opposition se radicalise de plus en plus car elle ressent un profond sentiment d’injustice.
Aujourd’hui la France se confronte à des soldats qui luttent pour la liberté.
A force de les ignorer, de les humilier et même de les tuer Paris va transformer un idéal en amertume et bientôt en haine.
Puisse Paris revenir rapidement à une appréciation réaliste et généreuse de la situation, sinon le pire est à craindre.
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ANR : Le Commandement
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