Livraison d’armes à Idriss Deby : La France doit –t-elle entretenir la dictature du clan contre les Tchadiens et contribuer à l’instabilité sous régionale ?.

Les Tchadiens à l’instar des peuples du Gabon, du Congo et de la Centrafrique sont indéniablement les victimes permanentes et l’otage de la politique française dans leurs pays. Ils ont cru, avec le départ des affaires de Jacques Chirac à ce que Paris reconsidère sa politique vis-à- vis- du régime de Ndjaména et l’avènement de Nicolas Sarkozy au pouvoir allait voir concrétiser réellement son discours de rupture dans les relations franco-africaines.
Or, l’ensemble des acteurs politiques Tchadiens et Africains en général ont très vite déchanté lorsqu’ils ont
vu une série de visites à Paris des Chefs d’Etat appartenant à la nébuleuse Françafrique tels
que ;Bongo, Nguessou, Deby et Bozizé reçus en grande pompe à l’Elysée par le Président Français Nicolas Sarkozy.
Profitant de l’accalmie à l’est du pays, la France qui soutient mordicus le régime tchadien a procédé à la vente massive d’armes sophistiquées livrées à Ndjaména pour renforcer la capacité militaire des forces gouvernementales face aux menaces des mouvements de lutte pour la libération et le changement.
Nombreux sont, les Tchadiens qui s’interrogent vraiment sur l’ingérence à tous les niveaux de la France aux côtés du régime de Ndjaména, qui se converge vers la monopolisation dynastique du pouvoir à travers un cercle aussi restreint que clanique.
Il est vrai que du report en report du déploiement des troupes de l’Eufor à l’est du Tchad qui viendraient pour protéger le pouvoir de Deby, la France est extrêmement inquiète des risques d’offensives militaires des mouvements rebelles qui ont annoncé la mise en place d’une coordination militaire contre l’armée gouvernementale.
Pour nous soutenir Idriss Deby, c’est exhorter une dictature contre la démocratie à l’égard d’un peuple qui ne mérite pas du tout un comportement aussi cruel de la part de la France. Car, rien ne peut aujourd’hui, justifier la position de la France comme pays ami qui devra plutôt appeler le pouvoir à dialoguer franc avec son opposition globale que de privilégier les rapports de forces entre les acteurs politiques en conflit.
Par la faute et la responsabilité du régime de Ndjaména que la crise du Darfour a éclaté et la Centrafrique a basculé dans une guerre civile. C’est pourquoi, tout le monde admet que le fait d’apporter toute aide militaire au régime d’Idriss Deby la France contribue directement à l’instabilité au Tchad et dans la sous région.
Ajoutons à cette information, qu’à l’occasion de son message de vœux de la fête de l’Aïd El-Kebir au Comité Supérieur des Affaires Islamiques au Tchad, Idriss Deby a réitéré ses accusations contre Khartoum l’incriminant de soutenir la rébellion de l’est avec d’autres complicités locales. Il demande en outre aux Tchadiens de se mobiliser derrière son pouvoir pour mener la lutte. Ici, nous pensons que le Chef de l’Etat Tchadien occulté l’aspect interne du conflit qui l’oppose avec son peuple.
Idriss Deby est totalement responsable de l’effritement et du déséquilibre social dans le pays. Solliciter le soutien du peuple contre qui ?
Il a, de plus, déclaré que trop de liberté n’est pas bon. On peut interpréter cela comme un renforcement probable dans le pays des pratiques dictatoriales et machiavéliques contre les citoyens par des moyens de répression tous azimuts.
Les Tchadiens qui aspirent à la paix, au droit et à la justice demandent à la France de s’abstenir de soutenir un tel régime mais plutôt d’encourager toute initiative d’un dialogue politique fécond au Tchad pour faciliter ainsi le retour de la stabilité en RCA et dans le Darfour.
Par Makaila Nguebla
tribunecoum