La presse étranglée, arrestation de M. Nadjikimo Bénoudjita : Le régime commet deux infractions à la fois !
L’arrestation au Tchad, d’un journaliste réveille du coup notre vieille inquiétude sur les différentes formes de répression à l’encontre des hommes de médias et autres leaders d’opinions qui militent contre l’arbitraire dans notre pays et en Afrique.
M. Nadjikimo Bénoudjita, directeur de publication du journal indépendant notre « Temps »a été arrêté par les redoutables limiers des services de renseignements généraux tchadiens à son domicile, selon un communiqué de presse de Reporter Sans Frontière (RSF) diffusé sur son site internet et la version orale du directeur de rédaction du même journal interrogé par Rfi.
Cette arrestation est jusqu’à là non élucidée, mais selon des sources de journalistes Tchadiens, elle serait liée à la publication de l’éditorial n° 325 du journal intitulé : « Sarko,pas des larmes de croco. », dans lequel, le journaliste fustigeait la politique africaine de la France depuis toujours incompréhensible dans la plupart des pays d’Afrique noire dont le Tchad en particulier.
Après vingt quatre (24) heures d’investigations auprès de nos partenaires locaux , nous sommes parvenus à établir clairement les responsabilités en termes d’infractions du régime tchadien à deux niveaux :
Premier niveau : Le caractère inviolable du domicile du journaliste est une grave infraction attribuée aux autorités tchadiennes d’arrêter un citoyen à des heures tardives telles que 5heures du matin, sans aucun mandat d’arrêt. Et, la loi n’autorise aucunement pas à la police d’extraire au dé là de 21heures toute personne de chez elle pour un endroit inconnu,
-Deuxième niveau : La publication d’un article par un journaliste est conforme aux règles élémentaires de la liberté de presse et d’expression dès lors qu’il entre dans l’exercice de ce métier qui comporte de nos jours des risques multiples et variés.
Ainsi, est qualifiée d’arbitraire, la détention d’ un journaliste dans des conditions aussi brutales et qui à notre sens est une atteinte répugnante aux droits fondamentaux qui confèrent aux hommes de la presse d’user et d’abuser de l’article 9 alinéa 2 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) qui garantit à toute personne le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et règlements.
Le même avantage est reconnu dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) qui autorise la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen que ce soit.
En nous fondant sur ces deux instruments internationaux, signés et ratifiés par le Gouvernement tchadien, nous pensons que le pouvoir de M. Idriss Deby mène rituellement et immuablement le pays vers le durcissement de ton à travers le bâillonnement de la presse libre.
Rien ne justifie donc l’arrestation du directeur de publication du journal le « Temps » qui a accompli son devoir et droit à l’information.
Alors, nous exigeons des autorités tchadiennes la mise en liberté immédiate et sans condition de M Nadjikimo Bénoudjita pour que la liberté de presse et d’opinion retrouve dans notre pays son sens intégral contre toute forme de répression ou des violations à ses dépens.
Le régime d’Idriss Deby doit-il admettre ou pas que la démocratie au Tchad se fasse avec la liberté de la presse ou non ?
Par Makaila Nguebla
tribunecoum.