Tunisie:La liberté de la presse malmenée par le régime de M.Ben Ali
Paris, Tunis – Le 5 décembre 2007 La Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme et ses ligues membres, le Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) et la Ligue
tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) s’inquiètent du verrouillage extrême de la presse tunisienne et des nombreux actes de répression subis par les journalistes tunisiens indépendants,
oeuvrant pour l’indépendance de la presse et la liberté d’expression.
La FIDH, le CNLT et la LTDH dénoncent, en particulier, la récente condamnation, mardi 4 décembre 2007, du journaliste tunisien Slim Boukdhir à un an de prison ferme pour “outrage à un
fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions” et “atteinte aux bonnes mœurs”. Plusieurs observateurs tunisiens et internationaux ont noté le caractère inéquitable du procès. La FIDH, le CNLT et
la LTDH signalent en outre que, le 4 décembre après midi, les avocats de M. Boukdhir se sont vus refuser par l’administration carcérale l’accès à leur client, en dépit des permis de visites
dûment signés par le juge en charge de son dossier. Son arrestation est survenue le 26 novembre, jour où M. Boukdhir, correspondant du journal panarabe basé à Londres Al Quds Al Arabi et du
site Internet de la chaîne de télévision satellitaire Al-Arabiya, devait se rendre au poste de police chercher son passeport. M. Slim Boukdhir qui oeuvre pour la liberté de la presse et la
liberté d’expression depuis plusieurs années, est une nouvelle fois victime de la politique de persécution et de harcèlement des autorités tunisiennes. Début novembre, celui-ci avait mené une
grève de la faim de deux semaines pour protester contre le refus des autorités de lui délivrer un passeport.
Par ailleurs, la FIDH, le CNLT et la LTDH condamnent le maintien en détention et la poursuite sous le régime de la loi anti-terroriste de 2003 de Mohamed Yacine Jelassi, jeune étudiant en journalisme et cadre du Parti Démocrate Progressiste, arrêté le 26 septembre 2007 alors qu’il soutenait un mouvement de contestation contre la tentative d’expulsion du PDP et d’Al-Mawqif de leurs locaux.
De plus, la FIDH, le CNLT et la LTDH dénoncent l’exil forcé du journaliste Abdallah Zouari, qui libéré le 10 septembre 2004, après avoir purgé plusieurs peines de prison pour ses publications dans l’hebdomadaire interdit “El Fajr”, organe officieux du mouvement islamiste “Ennahda”, se voit depuis interdit de quitter la ville de Zarzis. La FIDH condamne ces restrictions à la liberté de circulation.
La FIDH, le CNLT et la LTDH rappellent que Lotfi Hajji, journaliste et président du Syndicat des Journalistes Tunisiens, n’a toujours pas pu déposer la déclaration d’enregistrement du syndicat,
créé fin 2004. Depuis cette date, les autorités refusent de reconnaître le syndicat et, à travers l’Association des Journalistes Tunisiens, tentent même de créer « leur syndicat des
journalistes tunisiens ». La FIDH, le CNLT et la LTDH signalent également le refus des autorités d’autoriser la publication de journaux indépendants, dont Kalima qui a déposé à 4 reprises
depuis 1999 une déclaration de publication, que le ministère a systématiquement refusé de réceptionner.
Par ailleurs, la condamnation arbitraire des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme en Tunisie est une pratique courante qui n’a d’autre but que de faire pression sur eux et de les
faire taire. Rappelons les procès des journalistes Neziha Rejiba, Sihem Bensedrine, Omar Mestiri, Me Mohammed Abbou, Mohamed Fourati, Abdallah Zouari, etc. Et n’oublions pas les nombreux actes de
répression policière subis, comme, en juin dernier, par le journaliste Lotfi Hidouri, qui a été agressé par la police et s’est fait confisquer sa caméra. la FIDH, le CNLT et la LTDH appellent les
autorités tunisiennes à déverrouiller le champ médiatique tunisien et à donner tout son sens à la notion de liberté de presse dans ce pays réputé hostile aux journalistes, conformément aux
dispositions internationales ratifiées par la Tunisie.
Source FIDH