Rébellion tchadienne: Diagnostique interne en forces et faiblesses.
L’intensification de la lutte armée contre son pouvoir a atteint sa pleine vitesse de croisière en 2005 et 2006 avec la large coalition armée à laquelle est issu le Front Uni pour le Changement (FUC).
L’échec de la prise de Ndjaména, en avril dernier a fait voler en éclat la cohésion des mouvements rebelles morcelés qui peinent à se reconstituer pour devenir une menace réelle à même de relancer les hostilités militaires et parvenir à s’emparer d’une quelconque localité pour imposer leurs points de vue au régime en place.
Aujourd’hui, l’heure est au constat et au
diagnostique pour expliquer en forces et faiblesses ce qu'est la rébellion tchadienne :
Comme forces, on peut dire qu’Idriss Deby est l’ennemi commun de tous les groupes armés qui s’accordent et lui reprochent, le clanisme, le déficit démocratique, le non- respect aux droits humains et bien d’autres manquements selon les différentes appréciations chaque partie.
Autres atouts, mouvements d’opposition diversifiée et multiple capables d’atteindre ses objectifs, si elle unifie l’ensemble de ses troupes et les met sous le commandement d’un état-major unique pour coordonner ses actions, ses opérations militaires en même temps.
On ne peut parler de fores sans évoquer les faiblesses qui constituent les facteurs bloquants des partisans de l’option armée.
La rébellion tchadienne souffre de plusieurs handicaps entre autres ; son isolement international.
Basée à l’est à la frontière tchado-soudanaise, elle est accusée par les autorités
tchadiennes d’être instrumentalisée et soutenue par Khartoum pour les déstabiliser.
-Proximité avec Khartoum demeure sa principale
épine, la crise du Darfour aidant, le Soudan est très mal perçu et ne peut-être un garant moral
et convaincant pour un lobbying en sa faveur de la rébellion tchadienne devant les esprits réfractaires
et réticents de la communauté internationale
-Divisée en factions miniaturisées, elle doit rélever le défi de son unité et de massification de troupes.
- Absence de communication et de diplomatie :
recroquevillée sur elle-même à l’est du pays, la rébellion tchadienne ne parvient pas à se désenclaver à travers une bonne mise en place d’une campagne de propagande médiatique. Elle communique
peu, ne dispose pas non plus de représentations extérieures.
- Déficit diplomatique, aucune politique extérieure n’est observée chez les mouvements rebelles tchadiens qui se sentent suffisants et se limitent à eux-mêmes.
De nos jours, les rebelles sont sortis de
l’infernal carcan d’antan pour occuper
la scène médiatique et diplomatique à l’instar de ceux de la Côte d’Ivoire, les Forces Nouvelles (F.N) courtisées et côtoyées de par le
monde.
Au Tchad, la rébellion manque le parrainage d’un chef d’Etat africain crédible pour l’aider au niveau du plaidoyer auprès des instances internationales.
Pour combler toutes ses lacunes et capitaliser ses
atouts, la rébellion au Tchad doit rompre avec son enclavement en impliquant sans complexe à son combat
tous ceux qui militent en faveur du changement politique et de la démocratie et dont l’apport lui serait déterminant pour la suite des
événements.
Tels sont les différents points de vue glanés ici et là et que partage bon nombre d’observateurs nationaux et étrangers de la vie politique tchadienne sur les mouvements d’opposition de l’est.
Par Makaila Nguebla
tribunecoum