Tchad : 5ème République : Qui sera le Vice-Président ?
Tenant à passer le pouvoir à l’un de ses fils, Idriss Deby le président tchadien tenait depuis 2016 à la création du poste de vice - président. Pour y arriver, le pouvoir de N’Djamena s’est engagé dans une manœuvre spectaculaire sous les auspices d’un conseiller de Jean Yves LeDrian. L’acte 1 de cette manœuvre fut le le passage à la 4ème république, après une mascarade de forum en 2018 et qui a supprimé la primature. L’acte 2 planifiée fut l’organisation du deuxième forum présenté comme une promesse de Deby et comme un moyen de corriger les lacunes constatées dans la mise en œuvre des conclusions du premier. Les résolutions de ce deuxième forum de marionnettes ont porté sans surprise sur le passage à régime politique parlementaire avec la création de la vice-présidence et du Senat. L’acte 3 à venir sera la nomination effective du vice-président après la modification constitutionnelle qui a été engagée avec l’adoption en conseil de ministre le 11 novembre du projet de loi constitutionnelle.
Qui sera le vice-président ? Sauf quelques nominations de diversion, ce poste est créé pour préparer le successeur d’Idriss Deby. Selon plusieurs observateurs, deux des fils du Marechal se font la concurrence : Zakaria Idriss Deby ex-directeur de cabinet et l’actuel directeur de cabinet AbdelKerim Idriss Deby.
Le premier actuellement ambassadeur aux Émirats-Arabes-Unis est soutenu par sa communauté aux deux frontières. Issu d’une mère soudanais Zakhawa, il est connu pour être un piètre gestionnaire, jouisseur plus que travailleur et la faillite de grandes entreprises placées sous sa direction laissent d’amers souvenirs aux Tchadiens. C’est par exemple le cas de Toumai Air Tchad qui été à un moment un fleuron en Afrique centrale avant que le fils Zakaria ne vienne le faire mettre la clé sous le paillasson.
Le second fils, d’une autre mère d’ethnie Tunjur, presque rejeté par sa base ethnique mais le plus aimé par son père ne cache plus ses aspirations avec ses alliances avec les jeunes de N’Djamena. Ce schéma offrirait les avantages de confier le pouvoir à un militaire, donc un dur et qui, en plus, est accepté par une certaine classe de jeunes. Dans le milieu Deby, Kerimo est considéré comme un fils à Papa, étant militaire comme lui. Brillant certes, mais les proches du jeune homme qui aura 29 ans vers fin décembre relèvent cependant qu’il est sans aucun caractère, aucune personnalité et est facilement influençable. Son passage dans les écoles américaines n’a rien changé, ce d’autant plus que cette formation tant mise en avant, n’était pas conçue pour former un militaire au sens que l’on connaît au Tchad. Confiant certes en ses relations faites à West Point et des soutiens des Israéliens et quelques officiers français, Kerimo peine à se créer une base au sein de son ethnie ou encore à s’imposer sans l’ombre de sans père.
Mais pour que ce schéma puisse passer, il faut un cheval de Troie pour la période électorale. Et les schémas se bousculent dans la tête de Deby. Il commence à fuiter que Mariam Mahamat Nour serait le favori, celle-là que les rumeurs ont annoncé à plusieurs reprises sa nomination comme premier ministre. Ce schéma qui offre l’avantage de garder le pouvoir dans la famille, Mariam étant proche à Hinda Deby, permet également de peser sur l’électorat féminine. Il revient également d’autres noms comme des personnalités proches du bastion de Succès Masra, le trublion de la scène politique. Mais il se murmure également que les accords de paix entre les Libyens et qui obligent les politico-militaires à se rapprocher de la frontière tchadienne pourraient pencher vers la nomination d’un fils du BET pour contrer les offensives politico-militaires. Mais tous ces schémas sont étudiés pour la principale et unique raison : faire passer les élections et les menaces imminentes d’attaques militaires. Après sa réinstallation dans les fauteuils présidentiels en août 2021, la dernière carte du jeu (acte 4) serait effectivement de nommer un de ses fils comme vice-président et la monarchie Deby serait effectivement en place.
L’opposition démocratique et la société civile laisseront-elles faire ? Wait and see.
Ousman Abass
N’Djamena - Tchad