Qu’est-il arrivé au Hilton N’Djamena?

Cela fait presque trois semaines depuis que l’investisseur qui a construit et exploité le Hilton Ndjamena a quitté le Tchad et que l’hôtel est resté fermé. Alors nous avons décidé de mettre un regard sur cette mascarade.
Un premier coup d’œil au complexe est un spectacle de désolation.
Ce complexe était le joyau brillant de Ndjamena qui recevait même les chefs d’état et était une fierté nationale abritant un cadre verdoyant et la plus grande piscine de toute la zone Cemac.
Nous n’avons pas pu pénétrer le complexe mais ce que nous avons vu de l’extérieur laisse entrevoir une dégradation rapide du paysage, de la piscine qui est désormais couverte d’algues et est devenue un foyer à moustiques.
Qui en est responsable?
Notre enquête révèle que l’origine du problème n’est autre que le président Déby qui a initialement promis à l’investisseur que l’Etat Tchadien ne le concurrencerait pas, puis le chef de l’Etat n’a pas respecté sa promesse, en finançant l’établissement d’un nouvel hôtel tout près du Hilton Ndjamena, mettant les deux hôtels dans une situation de fonctionnement à perte.
Nous avons appris que bien avant l’ouverture en 2017 de l’hotel Radisson (propriété de l’Etat), l’investisseur a anticipé cette situation et a demandé à de multiples reprises à être reçu par le Président pour lui rappeler sa promesse et de discuter de plans de développement touristiques à long terme. Le président Déby l’a ignoré.
Finalement, lorsque l’heure du départ de l’investisseur a sonné, le président Déby a soudainement réagit en promettant son appui. Nous avons obtenu une copie de sa décision qui a été transmise à l’investisseur à travers le fils du président (directeur de cabinet adjoint). Ceci a suscité une déclaration publique de réouverture du complexe hôtelier aux clients pour Noël. Nous ne savons pas ce qui s’est passé entre le 26 Novembre quand le Président a instruit son ministre d’intervenir et le 25 Décembre lorsque l’investisseur a décidé de quitter le pays. Cependant, nous savons que l’intervention instruite par le Président Déby n’a jamais eu lieu.
Ceci signifie que, soit le président Déby et son fils n’avaient pas l’intention de soutenir l’investisseur américain – ce qui ferait du président un menteur, soit il était sincère mais son gouvernement n’a pas suivi ses instructions écrites, ce qui signifierait que le président Déby est incapable de gouverner.
Au final, en tant que tchadiens nous devons nous poser la question de savoir si le président Déby se préoccupe de notre dignité nationale et de notre image dans le monde. Le propriétaire américain du Hilton Ndjamena est le second plus important investisseur américain au Tchad après Exxon. Et qu’est-il arrivé à Exxon? Nos dirigeants ont mis en place une supercherie judiciaire poussant la Cour à déclarer Exxon redevable de la somme de 74 milliards de dollars américains.
Après tout cela, que veut le président Déby et qui est responsable de cette situation? Une chose est sûre: Hilton, en tant que marque américaine, ne laissera sûrement pas son image se faire traîner dans la boue à cause de cette affaire impliquant des investisseurs américains. On apprend qu’en Juillet prochain, il y aura une grande réunion de l’UA à Ndjamena. Va-t-il aussi l’annuler comme c’est fut le cas pour le précédent sommet qui nous a coûté 60 villas restées du finalement vides, juste à côté de son Radisson qui n’est d’ailleurs pas rentable?
Une chose est sûre: si le président Déby n’agit pas rapidement pour ramener notre investisseur américain pour rouvrir le joyau brillant de Ndjamena, nous verrons bientôt toute la zone de Sabangali pleine de moustiques, et ce sera l’empreinte laissée par l’investissement privé américain au Tchad.