Privé de sa rente pétrolière, le Tchad s’enfonce dans la crise
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Privé de sa rente pétrolière, le Tchad s'enfonce dans la crise
L'Etat tchadien, très affecté par la baisse des cours de l'or noir, est en quasi-faillite. Face aux difficultés économiques et sociales, le pouvoir se crispe. Le Monde | | Par Laurence Caramel ...
L’Etat tchadien, très affecté par la baisse des cours de l’or noir, est en quasi-faillite. Face aux difficultés économiques et sociales, le pouvoir se crispe.
LE MONDE ECONOMIE | | Par Laurence Caramel (N'Djamena, envoyée spéciale)
A N’Djamena, personne ne prédit l’avenir. Murés dans le silence, les Tchadiens attendent. Quand s’achèvera cette course vers l’abîme dans laquelle s’enfonce le pays depuis près de trois ans ? Ils guettent comme des oracles les grands chantiers présidentiels suspendus en 2015, alors que s’évanouissait la rente pétrolière. Mais, pour l’instant, le Toumaï Palace aux façades dorées, la carcasse de béton du futur ministère des affaires étrangères comme celle du ministère des finances se refusent à parler.
Sur les échafaudages recouverts de poussière, nul signe de reprise. L’Etat n’a plus d’argent. Si le mot faillite n’est pas encore prononcé, le président Idriss Déby Itno ne le doit qu’au soutien budgétaire des institutions internationales et des bailleurs occidentaux, reconnaissants envers leur meilleur allié dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Et trop inquiets à l’idée que ce régime, qui peut se prévaloir de sa stabilité dans le chaos régional, puisse à son tour basculer. N’Djamena abrite le quartier général de l’opération militaire française « Barkhane ». « Ce serait la Somalie ou le Mali puissance 10 », prédit-on dans les chancelleries inquiètes.
« Situation bloquée »
Fin 2016, après quatre mois de grève pour protester contre les arriérés de salaires, les fonctionnaires ont progressivement repris le travail. Amers. « On est à bout. Que reste-t-il de l’argent du pétrole ? Quelques routes, un hôpital que l’Etat n’a plus les moyens d’entretenir. C’est la misère. Il y a ceux qui sont au chômage et ceux qui ont un travail mais ont du mal à se faire payer », lâche l’un d’eux. A côté de l’ancien Parlement, dans le centre-ville, les hommes se louent à la journée. Electriciens, plombiers, maçons, caisse à outils au pied, ils attendent le client en sirotant de l’alcool de canne à sucre. Et dans l’avenue Sao, où les gagnants de la manne pétrolière venaient flamber leurs dollars,...