Le Tchad n'appartient à personne" Mahamat Hassane Boulmaye lance un appel depuis la frontière libyenne (interview makaila.fr)
Interview exclusive de Mahamat Hassane Boulmaye, du Conseil de Commandement Militaire pour le Salut de la République(CCMSR)
Depuis la frontière Tchado-Libyenne où sont basés les élèments du Conseil de Commandement Militaire pour le Salut de la République(CCMSR), la rédaction de Makaila.fr a réussi à joindre Mahamat Hassane Boulmaye, responsable du mouvement politico-militaire tchadien.
Dans l’interview qu’il nous a accordés, MHB nous explique le fondement de la lutte qu’il mène pour renverser le pouvoir d’Idriss Deby et libérer le peuple tchadien de l’une des redoutables dictatures d’Afrique et les causes qui motivent le combat de ses forces prêtes à l’offensive .
Interview
"D'ailleurs notre objective, Incha Allah, c'est de garantir un gouvernement de transition en attendant les préparatifs pour une élection présidentielle transparente"
Makaila.fr : pourriez-vous, nous parler de vous?
Mahamat Hassan Boulmaye: je suis simple et discret, Né le 20 juin 1972 à N'Djamena; études primaires, et collège de Moussoro; de 1981-1990. Je suis entré au lycée Félix Eboué en 1991, et j’ai obtenu le Bac en 1996. Je suis entré à l'université de Blida, Algérie; faculté des langues et sciences sociales, spécialité didactique du français langue étrangère FLE; diplôme Bac+4, obtenu en 2001. En exil en France depuis 2001; 2004-2005, je suis inscrit à la faculté des lettres et sciences humaines, université François Rabelais de Tours; diplôme obtenu DEA lettres modernes et littérature comparée. Inscrit en thèse de doctorat de littérature comparée.
J’ai laissé la thése pour m’engager à la lutte armée auprès du général Nouri. Membre fondateur de l'Union des Forces pour le Développement et la Démocratie. J'étais trésorier général de l'UFDD puis Commissaire à la communication et porte-parole de l'UFDD.
Je démissionne en 2009; après un désaccord. J'ai pris part à tous les travaux en commission. En 2009, j'étais le rapporteur de la commission pendant, la création de l'UFR.
Après l'échec de la résistance nationale de l'est; Boulmaye rentre en France. Il s'inscrit à l'université Paris X Nanterre; et obtient Master2 sciences de l'information et communication.
J’ai obtenu une bourse d'étude et contrat d'embauche, en qualité d’assistant et doctorant à l'université, Western London-Ontario. En mars 2016, j’ai repris le chemin de la rébellion, avec Mahdi Ali Mahamat.
En juillet 2016, j’ai été élu par la base combattante, secrétaire exécutif du CCMSR (Le Conseil de Commandement Militaire pour le Salut de la République) et premier responsable, chef de la rébellion, coordinateur à la communication du nord de 2017.
Makaila.fr. Dans un message audio adressé au peuple, vous disiez que Deby vous a obligés à prendre les armes, en formant les portes du dialogue politique ? Pourquoi dites-vous cela ?
-Mahamat Hassane Boulmaye: Je voudrais tout d'abord, vous adresser nos remerciements, de nous avoir offert l'opportunité sur votre plateforme. J'aimerai profiter par la même occasion, adresser mes encouragements à tous les tchadiens en lutte à l'intérieur comme à l'extérieur. Nous avons certes lancé, un appel aux forces armées au service du pouvoir despotique, et à l'ensemble du peuple tchadien.
En effet, le despote Idriss Deby nous impose le recours aux armes. Les exemples des atrocités et des répressions meurtrières sont nombreux. Le peuple ne peut pas exprimer ses aspirations, les arrestations arbitraires perpétuées sur les faits et gestes des citoyens.
Les élections sont détournées au profit du despote…Il s'impose et confisque le pouvoir par la force, en interdisant toute manifestation populaire et pacifique. Le dialogue est automatiquement rejeté; alors qu'il est illégitime. Pour Idriss, le dialogue c'est d'accepter ses billets et ses avantages sataniques et se mettre indignement à son service. Il est hors de question, pour nous, de baisser les bras. Tous les tchadiennes et tchadiens en ont marre de ce système de gouvernance injuste il r qui répime toutes les manifestations pacifiques dans le sang.
Le pouvoir despotique du Tchad, c'est la Corée du Nord de l'Afrique Centrale. On est obligé de lutter, y'a-t-il d’autre moyen? Où bien on va rester sans rien faire, au nom du pacifisme hippie; pour se faire cadenasser les testicules un à un?
Makaila.fr : Quels sont vos parcours du Darfour jusqu'ici?
-Mahamat Hassan Boulmaye: A travers nos parcours, nous retrouvons l'expérience pour éviter les erreurs de nos échecs précédentes et dans l'assurance pour vous donner l'expectative.
J'ai opté pour la lutte armée en août 2006, pour rejoindre le rang du général Mahamat Nouri. Nous avons fondé l'UFDD Union des Forces pour la Démocratie et le Développement, le 22 octobre 2006.
J'ai appris beaucoup des choses de 2006 -2010. C'était une expérience enrichissante. Ce que j'ai retenu à l'issue de cette expérience, le changement de mode de gestion. Il faut mettre en place un nouveau mode de management des organisations politiques, basée sur la transparence, l'honnêteté et faire usage plus de la science dans sa globalité ; que de se baser sur des instincts humains.
Il faut installer une administration chargée des ressources humaines, matérielles et financières. Si le mode était transparent et démocratique, nous n’échouerons pas en 2008. Compte tenu de l'évolution des mentalités, les politiques doivent être au même diapason. Une mentalité évoluée exige beaucoup sur la transparence; elle se posera les questions pourquoi? Quand? Comment? Et Où?
Cette mouvance militaire est à la fois populaire, intellectuelle et culturelle pour un changement efficace. On ne peut changer nos mentalités, que par la science évolutive et la culture.
A cet effet, nous lançons un appel solennel à tous les tchadiens, femmes hommes, aux jeunes intellectuels dotés de science et de culture, de se mobiliser avec nous, dans l'unité, pour qu'on puisse, ensemble non seulement changer un régime au pouvoir, mais apporter un changement en profondeur, sur le système de corruption et d'injustice. Et, de lutter contre le clanisme, l'ethnicisme qui sont les causes de notre division, l'échec de notre unité nationale, et puis un changement profond de cœur et d'esprit.
Makaila.fr : Pensez -vous que le peuple partage avec vous l'option de la lutte armée comme solution à la question du changement?
-Mahamat Hassane Boulmaye: En effet, c'est une évidence, quand toutes les alternatives et les portes des dialogues sont fermées, le peuple tchadien apporte son total soutien à la lutte armée. Observons la situation, il y'a une impasse totale, le Tchad est en otage, mais le peuple s'est déjà accommodé à la situation.
Puisque les tchadiennes et tchadiens sont conscients de la seule option qui fait partie de notre culture, déterminante dans la situation actuelle, il nous faut du temps pour adopter la démocratie de rue à travers une masse populaire, pour un changement et le temps qui nous reste fait défaut afin de se libérer de cette gouvernance outrancière.
Nous recevons des centaines des messages : venant des citoyens lamda, de l'intérieur en générale, en nous disant: "Vous êtes le seul espoir, faites quelques choses"….
Makaila.fr : . Pouvez vous nous dire pourquoi vous êtes en Libye alors que la lutte se veut nationale?
-Mahamat Hassane Boulmaye: Nous ne pouvons pas confirmer notre présence effective en Libye. On est partout, nous sommes une mouvance nationale; nous sommes sur l'ensemble du territoire national. Le soutien des tchadiennes et tchadiens est à notre avantage sur la soldatesque au service du despote. Les renseignements qui nous parviennent de partout du territoire du Tchad en nombre et sans même demander, montrent la détermination et le ral-bol des Tchadiens et Tchadiennes. Ceci est la preuve palpable, montrant la détermination du peuple à découdre, avec ce régime dictatorial d'Idriss Deby.
Pour nous, s le départ de Idriss Deby n'est pas un problème, c'est la question, comment il faut garantir la stabilité et la sécurité, durant toute la période transitoire, jusqu'aux élections libres et transparentes. Que nous garantissons au peuple, nous organiserons les élections, sans déposer des candidatures. Les dirigeants des institutions transitoires ne seront pas candidats, mais serviteurs de l'Etat, pour organiser les élections. Une formule efficace qui empêchera toute dérive malhonnête et dictatoriale.
De ce fait, nous avons adopté, la stratégie de la toile d'araignée, c'est-à-dire nous travaillons en réseau dans une toile d'araignée, avec l'ensemble des forces vives de la nation, sans vous apporter plus des précisions. Le despote Idriss confirme, en disant que les tchadiens ont le regard vers le nord; non, monsieur le despote, les tchadiens t'ont tendu un piège en forme de toile d'araignée; votre grand frère Daoussa Deby et votre petit frère Salay ont bien compris!
Makaila.fr : Vous et le FACT, combattez tous les mêmes régimes tchadien, comment expliquez-vous le bombardement contre les bases du FACT par le général Haftar?
-Mahamat Hassane Boulmaye: Permettez moi de vous apporter un peu d'éclaircissement sur cette situation.
Les informations que vous recevez sont dans la majorité erronée, le campement du FACT est dans une autre zone lointaine de notre campement,
N'oubliez pas que j'en faisais partie de FACT, je suis un des fondateurs, nous avons juste un mal entendu sur certains points.
Mahdi refuse de constituer une commission d'enquête, pour faire la lumière, sur les accrochages du 26 mars 2016; il a aussi une mauvaise méthode de travail...
La majorité demande l'unité, surtout le retour des combattants qui sont partis, après les accrochages se sont entendus à s'unir, à condition d'arrêter ceux qui ont incité les jeunes à se tirer dessus.
Mahdi étant même hors du cause, puisque le jour de l'accrochage, il était à Tripoli, soyons claire personne ne l'accuse ou ne le reproche sur l'événement ou de quoi que ce soit, mais il refuse de rendre les auteurs, les coupable donc indirectement, les combattants se posent la question de son complaisance.
Sinon, sachez que nous avons le même ennemi et nous avons le même objectif et même ambition d'apporter un changement au Tchad et au peuple Tchadien.
- Makaila.fr: les Tchadiens souhaitent avoir une unité de tous les groupes armés pour éviter une guerre civile, êtes –vous prêt à fédérer vous forces?
-Mahamat Hassane Boulmaye: la lutte est commune, c'est vraie que le peuple veut pas d'un embrassement qui puisse l'entraîner dans une guerre civile, il aspire à l'unité de toutes les forces politico-militaires, dont le leitmotiv sera l'apport d'un changement digne de ce nom. Aucun Tchadien souhaite la guerre mais quand on n’ a pas le choix?
Faut la moduler ensemble, comme d'ailleurs Monsieur Souradj Oumar Sakine dans sa détermination salutaire de réunification, une lourde responsabilité, complexe, compliquée qui a pris contact avec moi, et nous avons discuté longuement sur le sujets de paix, de réconciliation avec les autres forces combattantes. Je lui ai dis clairement nous restons ouvert. Nous sommes prêts à fédérer, disponible devant ce projet, si les autres sont d'accord, je suis prêt à s'unir pour répondre aux vœux et à l'attente de la population.
D'ailleurs notre objectf, Incha Allah, c'est de garantir un gouvernement de transition en attendant les préparatifs d'élection présidentielle transparente.
L'objectif visé par le CCMSR (Le Conseil de Commandement Militaire pour le Salut de la République) n'est pas le pouvoir, mais le changement, exempte de tout trouble post-dictatoriale.
le peuple tchadien en général et les combattants en particuliers n'ont jamais une idée de division, cela vient des manipulateurs politiques, qui ne savent qu'user la division clanique ou régionale. Nous nous proposons une nouvelle stratégie; une nouvelle vision politique, et une nouvelle méthode de management de l'opposition armée.
Ces nouvelles visions interviennent pour prévenir les risques d'embrassement; et ça viendra souvent des ambitieux malhonnêtes qui cherchent à s'imposer au pouvoir par la force, comme ils savent d'avance, qu'ils ne seront jamais élus.
Makaila.fr: Au regard de ce que nous voyons en Libye, est ce que vous n'êtes pas en train de reproduire la même division qui a animé les rebelles du Darfour et qui était à l'origine de l'échec de 2008?
-Mahamat Hassane Boulmaye: c'est vrais que la majorité des Tchadiens sont encore sous le choc de l'échec cuisant du 02 février 2008.
L'ego surdimensionnés des leaders politico-militaires doit laisser place à une unité nationale qui bannit toute idéologie partisane, nous devons prendre notre destin en main, , aujourd'hui nous avons beaucoup appris et mûri. Notre objective est la lutte commune pour apporter le changement et inéluctablement, c'est dans l'unité, l'égalité et la transparence qu'on peu gagné, nous sommes contre le leadership, contre la manipulation clanique, tribale et régionale.
Vous ne pouvez pas savoir ni voir en vérité ce qui se passe au sein de notre mouvement en Libye, vous avez des échos, mensongers, orchestrés par des haineux, des préjugés, gangrenés par la divisions ethnique. Il faut que tous les tchadiens prennent consciences de la gravité de la situation de notre pays sur la division et ceux qui sont sur les terrains sont ni plus ni moins que des indignés, les réprimés tchadiens qui demandent à être soutenus par toutes les couches Tchadiennes, pour unir nos forces et faire face à notre seul ennemi.
Makaila.fr: On dit souvent la question de leadership est à la base de cette multiplicité des groupes armés. Etes vous de cet avis?
-Mahamat Hassane Boulmaye: le leadership est souvent orchestré par des individus mal intentionnés, égoïstes, qui ont pour seul ambition le pouvoir.
Aujourd'hui c'est devenu un fléau, tout le monde se converti en leadership. Même au sein des activistes, Il est temps, même s'il est trop tard qu'on pense à l'avenir de notre pays et de nos enfants avant tout. Ce n'est pas à cause de leadership qu'on est séparé, juste un mal entendu, et d'ailleurs Souradj Oumar Sakine m'a sollicité dans ce sens, de faire la réconciliation avec Mahamat Mahdi Ali le leader du FACT et poursuivre notre objective de lutte commune, nous avons beaucoup discuter sur ce sujet, je lui ai dit nos conditions à transmettre à Mahamat Mahadi Ali mais je sais pas où en est il maintenant. et avec les autres on est en contact, je cherche pas le leadership au contraire! Inchallah, cette fois-ci, nous mettrons tout en œuvre pour l'unité nationale.
Nous proposons ci-dessous une feuille de route politique claire et transparente; les tchadiens accepteront sans hésiter. Toutefois le programme est une plateforme politique unificatrice.
Makaila.fr: L'opposition démocratique et la société civile se battent sur place, est-ce que vous êtes en contact avec les autres acteurs?
-Mahamat Hassane Boulmaye: Il faut reconnaître que la société civile Tchadienne a beaucoup réagit, a travers des manifestations sous des balles réelles avec les acteurs politique, dans la répression, les menaces, mais le changement par la voie démocratique ou un soulèvement d'une masse populaire n'est pas encore seulement dans notre culture mais au Tchad c'est une utopie, sur tout avec le régime Dictatoriale Idriss Deby.
Au regard des circonstances actuelles d'insécurité, nous ne pouvons pas vous dire clairement avec qui on est en contact, sinon mettre en cause la sécurité physique de nos camarades, mais faut savoir que les armes riment avec le stylo.
Makaila.fr: Quel est votre message à Idriss Deby et au peuple tchadien?
-Mahamat Hassane Boulmaye: Nous disons à Idriss Deby qu'il n'est pas encore trop tard, de se retirer sagement. En acceptant sa défaite. après 26 ans de mal gouvernance, dilapidations, des injustices, les répressions, le clanisme qui ont entraîné ces désordres, cette crise sociale, économique, bref la faillite vertigineuse de l'Etat tchadien . Il faut qu'il démissionne, laisse la place à un autre Tchadien.
Le peuple ne veut plus de lui, au lieu de pavaner, à donner des leçons aux autres, faut qu'il applique sa sagesse dans son pays, en évitant le sang des tchadiens de couler. Si non, cet harmattan vous emportera ; les pacotilles dont achetés en Ukraine ne vous aideront pas.
Quand au peuple tchadien, soyez patient et courageux, toute chose à son temps!
Nous avons besoin de toutes les couches sociales du nord au sud de l'Est à L'ouest de s'imprégner dans la discussion problématique de notre pays, pour sa libération et nous soutenir sur le plan morales, matériel, et physique dans l'unité à l'unanimité pour sauver notre pays, notre chère patrie qui est en otage, et qui a besoin d'être libéré.
Le Tchad n'appartient pas qu'au gourane, ni au Sarah ou à une ethnie quelconque, tout Tchadien doit être concerné par la situation actuelle de son pays y compris les zakhawas, qui sont aussi victimes du système et c'est dans l'unité, tous ensemble, que nous conjuguerons nos forces et ensemble nous allons vaincre!
La lutte patriotique dans ses différentes formes, que nous avons commencé a atteint son zénith, dans l'endurance, nous devons persévérer main dans la main et je vous en conjure que Idriss Deby déguerpira.
Vive le peuple Tchadien
vive l'unité nationale
Vive la république
Interview réalisée par Makaila.fr