La CBLT, une institution mal partie dés sa création
Regard sur la CBLT : la CBLT est mal partie dès sa création La CBLT a été créée le 22 Mai 1964 par les Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats fondateurs, à savoir SEM Ahmadou Ahidjo du Cameroun, SEM Diori Hamani du Niger, SEM Ngarta Tombalbaye du Tchad et SEM Abubakar Tafa Balewa du Nigeria, avec la signature de la Convention dite de Fort-Lamy (N’Djamena) à l’issue de leur sommet de la même date. Deux pays l’ont rejoint ultérieurement, à savoir la RCA en 1996 et la Libye en 2006. Les pères fondateurs ont confié à cette toute nouvelle institution sous régionale, trois mandats : 1. Gérer de façon durable et équitable les eaux du Lac Tchad et les autres ressources en eau transfrontalières du Bassin du Lac Tchad. 2. Conserver et conserver les écosystèmes du Bassin Conventionnel 3. Promouvoir l’intégration régionale, préserver la paix et la sécurité dans le Bassin Conventionnel. Comme on le constate, la CBLT a aujourd’hui 54 ans d’existence et il est permis aujourd’hui de se poser la question si la CBLT a vraiment accompli sa mission dans l’exécution de ses mandats. En tout cas il n’est pas évident qu’elle ait pu atteint les objectifs qu’elle s’est fixés au départ. Quand on prend juste le mandat (3) s’il y avait des avancées claires dans ce domaine, la situation dans le bassin ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Bako Haram par exemple, est un phénomène, certes, ce qu’il arrivera, mais il ne pouvait pas avoir une si grande source de recrutement et des sympathisants dans la zone, si la CBLT et les autres institutions ont fait leur travail. La genèse même de l’enjeu est la pauvreté, la mauvaise gouvernance, le chômage, etc. Aussi, concernant les mandats 1 et 2, le constat est le même. La leçon qu’il faut tirer de l’échec de la CBLT dans sa mission est que, pour qu’un projet ou une mission réussisse pleinement, il faut absolument un champion, il faut quelqu’un qui s’approprie de cette mission, quelqu’un qui s’identifie avec les problèmes et qui se sent directement concerné ! Cette mission devrait être confiée à des fils du bassin qui maitrisent très bien ce que veulent les populations du bassin, mais aussi leurs cultures, leurs comportements sociaux et alimentaires, etc. Dans ce sens la CBLT est mal parti dès le début. Les pères fondateurs ont eu une certaine entente non écrite sur l’idée que le Nigeria doit produire le Secrétaire Exécutif de la CBLT et le Cameroun le Secrétaire Exécutif adjoint mais ce dernier poste a été supprimé depuis 2008.Tantot on parlait du bassin, mais il ne couvre pas toutes les parties des Etats membres, sauf notre pays le Tchad dont toute la superficie est couverte par le bassin conventionnel. Pour les autres pays, le Bassin Conventionnel comprend trois (3) régions du Cameroun, deux (2) régions du Niger, six (Etats fédérés) du Nigeria, trois (3) régions de la RCA. Il fallait confier, au moins pour le début, les rênes de cette institution à l’un des fils du basin conventionnel à défaut d’un fils de la zone du lac Tchad, mais au contraire les dirigeants ont confié ce très important poste, à M Omotayo Ogunsuline, un diplomate et banquier originaire de l’Etat d’Ondo (Etat ne faisant pas partie du Bassin Conventionnel), à l’extrême ouest du Nigeria, à quelque 1500km du lac Tchad (1965-1968) comme le tout premier SE ; le 2ème était M. Muhammadou Aliyu Carpenter (1968 – 1972), originaire de l’Etat de Sokoto nord-ouest du Nigeria (Etat ne faisant pas partie du Bassin Conventionnel), quelque 1700 km du Lac ;le 3ème un autre nigérian M. Benson Owa Tonwe (1972 - 1976) originaire de l’Etat de Bendel un Etat du sud –sud du Nigéria (Etat ne faisant pas partie du Bassin Conventionnel), aussi à quelque 1700 km du lac Tchad ; le 4ème Chef Festus Olufemi Olufolabi (1976 – 1983) originaire de l’Etat de Ogun au Nigéria et près de l’Etat d’Ogun (ne faisant pas partie du Bassin Conventionnel) et à quelque 1500 km du Lac Tchad ; le 5ème M. Mustafa Sam (1983 – 1988) était le premier et dernier SE originaire de l’Etat de Borno un état faisant partie du lac Tchad. Les autres quatre y compris l’actuel SE sont originaires des Etats faisant partie de la convention (sauf l’Etat de Katsina) mais très loin de la réalité de la zone. Le Cameroun a eu trois Secrétaires Exécutifs adjoints en tout, à savoir M. Maurice Edjenguele (1977 - 1985), originaire de Douala (qui ne fait pas partie du Bassin Conventionnel), à quelque 1600 km du lac Tchad, M. Haman Djoda (1988 - 1993), originaire du nord Cameroun, mais une zone qui ne fait pas partie du bassin conventionnel et enfin M. Tam Lambert (1996 – 2008) originaire du Littoral (dans la zone de Douala). Comme on peut s’attendre, ces nominations inadaptées ont fortement influencé sur le recrutement du personnel à la CBLT, toute catégorie confondue, et ce depuis sa création. Le CBLT n’a, par exemple, jamais eu un responsable du Lac ou du Kanem ou du grand Kanem, tout court. La CBLT est tout simplement dirigé par des personnes qui n’ont rien n’à avoir avec la zone, des personnes qui ne maitrisent rien sur la zone. A vrai dire la CBLT est un monstre où des personnes parachutées de quelque part, comme le fameux Colonel qui serait impliqué dans affaires douteuse et mais aussi l’actuel Secrétaire Exécutif, qui gagnent leurs salaires tranquillement, détournent comme ils veulent et ne font rien de concret pour les populations censées être bénéficiaires de ce grand projet, car ils ne maitrisent absolument rien, comme ils n’ont aucun enjeu là-dans. « Ce lui qui n’a rien ne donne rien », dit-il un adage de chez nous ! A notre humble avis, il ne s’agit pas d’avoir un diplôme quelconque pour travailler dans ce genre de système. La maitrise de la zone doit faire partie intégrante des critères de nomination à des postes de responsabilité dans ce type d’institution de développement. Pour que la CBLT puisse remplir ses missions, nos dirigeants doivent forcement adopter la discrimination dite positive. Des cadres qui maitrisent les problèmes de nos populations doivent être responsabilisés, mais non pas des personnes dont le seul objectif est de s’enrichir et partir, nous laissant avec nos problèmes qui sont nombreux et très nombreux ! Issa Kaka Kyarimi | |||
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