Tchad: le système Deby se fissure de l’intérieur – Par Senior Mbary
Il y a une succession d’événements ce dernier temps qui montre que le « système deby », qui a tant encaissé ses proches et ses collabos, se fissure de l’intérieur. Je fais entièrement mienne l’analyse du Directeur de publication du Journal Abba Garde dans son article intitulé Présidence de la Commission de l’Union africaine: Mariam Mahamat Nour prédit l’échec de Moussa Faki, mise en ligne le 13 novembre 2016 sur la toile de TchadCongergence.
Un adage bien connu dit qu’on ne peut cacher le soleil avec ses mains. Le régime de Deby a tant manœuvré pour maintenir la cohésion au sein de son système mais en vain, celui-ci commence à se fissurer. Cette fissure, en réalité a commencé depuis 2005 lorsque Deby a modifié la constitution pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats avec des rébellions, notamment celle menée par les frères Erdimi qui faisaient, à l’époque, la pluie et le beau temps au Palais rose. Mais avec l’argent de pétrole qui coulait à flot, Deby, par la corruption, par les intimidations et par des assassinats, avait jusqu’à récemment réussi à s’imposer.
Mais la saturation a atteint un point tel que personne n’a plus peur, même au cœur de son système. Deux cas emblématiques illustrent la situation : les réactions de Mariam Mahamat Nour et d’Aziza Baroud.
Mme Mariam Mahamat Nour et Mr Moussa Faki sont parmi les deux personnalités qui ont été propulsés par le régime MPS. Les deux ont un parcours académique semblable: ce sont des anciens de l’Université Marian Ngouabi de Brazzaville et les deux ont des diplômes équivalents à un Master II, le premier en droit privé et la seconde en économie.
Mme Mariam Mahamat Nour et Mme Aziza Baroud font partie du cercle qui encadrait Hinda Deby lorsqu’elle est arrivée au Palais Rose. Mariam a été soutenue de bout à bout pour son poste de Représentant à la FAO et elle l’a reconnu elle-même au lendemain de la confirmation de sa nomination. Mais elle pourrait aussi bien être sélectionnée sans l’appui de son pays car à un certain moment, ce n’est pas forcément le diplôme qui compte mais le niveau de responsabilité assurée. Elle a été ministre du Plan et de la Coopération, un ministère tutelle de plusieurs agences des Nations Unies dont la FAO.
De la même façon, le parcours de Mr Moussa Faki, avec toutes les responsabilités qu’il a assumées le met en position d’éligibilité pour assumer le poste de Président de la Commission de l’Union Africaine. Les anciens ministres des affaires étrangères du Togo, du Niger et de la Tanzanie qui ont par le passé assurer ces responsabilités ne sont pas meilleurs que lui à mon humble avis.
La question centrale est de savoir pourquoi cette hostilité de Mariam sachant que la candidature de Moussa Faki est avant une affaire personnelle de Deby Itno ? Et Mariam est censée le savoir.
En réalité, la réaction de Mariam va au-delà et c’est seule la saturation du système Deby qui pourrait l’expliquer.
Il y a à peine un mois, Mme Aziza Baroud, députée de son Etat, a pleinement joué son rôle en fustigeant les 16 mesures du Gouvernement qu’elle était censé soutenir. En s’en prenant au Premier Ministre, elle savait pertinemment ce qui l’attendait et ce qui devait arriver arriva : elle a été remplacée au poste de présidente de la Commission Communication à l’Assemblée nationale. Un geste qui sonne comme un avertissement. Va-t-elle se taire ? Pas si sûr parce que la saturation vis-à-vis du régime a atteint le summum.
Pourquoi les deux femmes seulement du système s’expriment de cette façon ? La réponse est simple : étant émotionnelles de nature, les femmes retiennent difficilement leur sentiment. Elles sont en fait le concentré de ce que, au sein du système Deby, beaucoup ne supportent pas mais qu’ils n’ont pas le courage de l’exprimer publiquement. Ce qui signifie que le système Deby est réellement pourri de l’intérieur et que l’odeur nauséabonde commence par envahir l’extérieur. Et cela va se savoir très bientôt.
Wait and see.
Senior Mbary