Crise sociale au Tchad: réaction et déception de l'écrivain tchadien Abbas Kayangar
J’ai décidé depuis plus d’une année de ne plus intervenir dans les problèmes politiques de notre pays, préférant me consacrer à l’éducation de ma progéniture et assouvir ma passion de belles lettres mais, rester de marbre et amnésique face à la fâcheuse situation plus que catastrophique que traverse notre pays actuellement, serait tout simplement amoral, une pusillanimité, une complicité dans la mort à petit feu de notre patrimoine commun, le Tchad qui agonise d’une manière horrible.
Cette agonie, les Tchadiens le subissent quotidiennement dans leur chair et dans leur âme. Chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants perdent la vie à cause de la situation précaire actuelle, un pays en totale déconfiture sans précèdent. Un pays qui se désagrège chaque jour.
Que de rêves brisés! Que de vies brisées!
Que des espoirs déçus et des honneurs bafoués! Que des dignités vendues à vil prix!
Que de plaies ouvertes pour plusieurs générations!
Quel héritage pour nos jeunes qui étudient au Tchad ou à l’extérieur?
Que de larmes et souffrances!
Quel projet de société présenté aux Tchadiens momifiés par la galère, la misère et l’indifférence des prédateurs? Le pays de Toumaï est en état d’urgence catastrophique dans tous les domaines, financier, économique, institutionnel, éducationnel, sanitaire…
Les mots manquent dans notre vocabulaire pour le qualifier mais pour nous, osons appeler le chat par son nom de chat : le pays va mal, très mal même! Et l’on veut nous faire croire que cette grave crise économique suivie d’une dislocation sans précédent du tissu social relèverait de la baisse du prix du pétrole alors que tout le monde le sait que le Tchad a vécu avant l’ère pétrolière sans traverser une pareille déconfiture.
Le Président de la République doit ouvrir les yeux et voir en face dans le blanc des yeux de ses soi-disant collaborateurs qui ne sont en fait que des prédateurs immondes qui profitent de sa confiance pour s’enrichir illégalement, oubliant qu’ils devraient servir le peuple Tchadien, les institutions républicaines et asseoir fidèlement les politiques économique et sociale pour transformer le Tchad en un pays riche et prospère au grand bonheur de ses fils et filles. La réalité sur le terrain est semblable à une carcasse d’un animal que se disputent à coup de croc mortel, une meute d’hyènes enivrées par l’odeur du sang et qui veulent tout simplement DEVORER (os, peau, cornes, poils, matières fécales…) de notre carcasse(Tchad)…
Le Président de la république doit savoir que tout ce monde d’approche innocente est en fait une clique de prédateurs, un nid d’abeilles africaines, un panier de serpents venimeux qu’il faut urgemment mettre hors d’état de nuire car, tout le risque d’une implosion proviendrait d’eux….Ces gens, si elles aimaient leur pays allaient sacrifier leur traitement au profit de la masse populaire qui souffre le martyre. Quelle situation atypique de suspendre les bourses des étudiants? La ou les personne(s) responsable(s) de cette décision légère et irréfléchie veulent tout simplement conduire le pays vers une impasse et le plonger dans un enfer de feu et de sang…
Que couterait à nos dirigeants de réduire le parc automobile des grandes institutions? Un ministre, un député, un directeur général, un général de l’armée perdrait-t-il son titre ou son honneur en circulant en voiture a faible capacité de consommation de carburant comme les petites Honda Civic ou les Toyota Corolla? Que couterait à ces gens déjà riche à millions de sacrifier un ou deux mois de salaire pour sauver le bateau Tchad en déperdition?
Le bateau Tchad est entrain de naviguer tout vent dans les eaux troubles de l’incivisme vers un impact inéluctable avec un iceberg, à l’approche du choc frontal, les matelots (ministres, députés, conseillers, généraux, courtisans et consorts…) sauteront à l’eau, laissant seul le capitaine. Il est grand temps que ce dernier prenne ses responsabilités en main, en traquant sans complaisance les prédateurs et que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur, c’est ainsi qu’on pourra sauver le Tchad, le cas échéant, on connaitra une situation plus catastrophique que celle du Venezuela dont les populations ne sont pas à la même enseigne que notre peuple rongé par une pauvreté sans nom et un environnement socio-économique endermique.
Il faut dénoncer les choses, mettre au dos du mur des prédateurs patentés et récidivistes comme les Haroun Kabadi qui continuent de saigner à blanc notre pays, en investissant des centaines de millions à New York où il possède des luxueuses maisons et une boulangerie fonctionnant à plein régime. Bien acquis grâce aux millions volés à la Cotontchad et aux milliers de paysans du Sud du pays. N’a-t-on pas de fils de Tchad capables, probes et intègres pour faire le travail à la place des voleurs qui, à travers leur pillage tuent chaque jour le peuple Tchadien. Le temps n’est-il pas venu d’arrêter ʺle génocide", "l’holocausteʺ, ʺl’extermination" de notre économique, de notre peuple? On a combattu au prix d’énormes sacrifices humains et financiers, la nébuleuse Boko haram, ne doit-on pas aussi "abattreʺ nos "terroristesʺ en veste et cravate ou en grand boubou qui agissent d’une manière aussi amoral et criminel que Abubakar et ses ouailles de Boko Haram?
Quel est le rôle véritable de cette pléthore de conseillers? Que rapporte au pays, les voyages de complaisance et à haute saveur financière? Gouverner un pays ne veut pas dire frasques et dépenses somptuaires, être dirigeant ne veut pas dire s’afficher d’une manière ostentatoire avec ses biens mal acquis face à la misère du peuple. Être ‘’élu’’ ne veut pas dire qu’on est juste à l’hémicycle pour faire de la figuration clownesque, applaudir et compter les jours pour le versement du ʺjackpot"…Il est encore temps avant que la machine de l’histoire ne nous écrase, arrêter la mise à sac de notre beau pays…
Si des pays non pétroliers comme le Burkina Faso s’en sortent, pourquoi pas nous? Le problème du Tchad n’est pas dû non seulement à la chute du prix du pétrole. Il faut tenir le taureau par les cornes et voir les choses comme il se doit. On parle de détournements, mais cela n’est qu’une infime partie des causes actuelles des problemes que connait notre pays. Pour gérer le pays, il faut une justice forte et indépendante, avec des juges intègres capables de faire appliquer la loi à tous les Tchadiens sans aucune exception. Il faut aussi lutter contre le népotisme et la concussion, les nominations de complaisance, un assainissement profond de l’administration gangrénée par des fonctionnaires incompétents dont nombreux utilisent des faux diplômes.
Le décret présidentiel n°690 annulant les décrets 672/PR/PM/MSPI /2016 et 673/PR/PM/MSPI /2016 du 19 octobre 2016 portant promotion à titre exceptionnel au grade et échelons supérieurs des officiers de policiers, illustre suffisamment et malheureusement le climat délétère et la prise en otage de notre pays par des faussaires à qui, le chef de l’État avait confié des hautes fonctions, lesquels cimentent toute leur action dans la médiocrité en bafouant les règles élémentaires pour faire un travail éthique et en ne pas respectant la déontologie et les règles qui régissent une administration, un état, un pays…Il faut un véritable débat national inclusif sur la crise actuelle.
Il faut impérativement et ce, pour le bien de notre peuple et notre pays, que le Président Idriss Deby prennent son courage a deux mains et renvoient définitivement des affaires publiques les prédateurs qui ne pensent qu’a leur propre intérêt au détriment de celui des autres Tchadiens. Le Tchad de ses valeureux fils, plus intègres et aimant sérieusement leur pays, lesquels, peuvent aisément et valablement gérer les affaires en lieu et place de ces gangrènes qui sucent à blanc notre pays et trahissent la confiance placée en eux.
Que Dieu sauve le Tchad!
Abbas Kayangar