Le Tchad sponsorise un club de Ligue 1 en France: le monde à l'envers
"«Tchad, Oasis du Sahel» sera affiché sur le maillot du FC Metz à partir de ce samedi soir et pour trois ans. Il s'agit d'un nouveau sponsor du club : l'office du tourisme tchadien." C'est ce qu'on peut lire sur le net en ce moment.
Nos dirigeants ont enfin décidé de faire connaître notre pays à travers le monde, via le foot, sport très médiatisé. L'objectif affiché serait de développer le tourisme dans le pays. Mais seulement, il y a une chose que nos dirigeants oublient : pour rendre attractif notre pays sur le plan touristique, il faut assurer un minimum de sécurité dans le pays. Or, au Tchad, il n'y a pas la moindre sécurité. Ne parlons même pas de l'insécurité liée au terrorisme. Parlons de l'insécurité chronique, permanente, dont les Tchadiens sont victimes au quotidien. Certains aspects intéressent le touriste. Citons la sécurité routière et la santé. Or, sur ces deux aspects, le Tchad est nul. A N'Djamena, c'est l'insécurité généralisée. Les routes, à peine bitumées il y a quelques années grâce aux revenus du pétrole, sont déjà dans un état de dégradation avancée. Ne parlons plus des routes nationales. C'est inacceptable ! Pour faire N'Djamena Moundou, il faut un minimum de 10 H de voiture (4 à 5 H sur une route bien bitumée). Les routes sont dégradées mais l'état reste sourd. On se demande s'il y a des hommes dotés d'une cervelle à la tête de l’État tchadien. Dans le domaine de la santé, le Tchad est nul. Les futurs touristes au Tchad doivent savoir que s'ils sont victimes d'un accident de la route, il y a rien pour les prendre en charge. S'ils sont victimes du moindre problème de santé nécessitant un prise en charge immédiate, c'est perdu. Au Tchad, c'est encore la sélection naturelle dans ce domaine. Même dans la ville de N'Djamena, en cas d'accident grave, ce sont les policiers analphabètes, sans la moindre notion de secourisme, qui ramassent les blessés pour les amener à l'hôpital. Dans ces conditions, la sécurité des touristes n'est pas garantie. Si j'étais le ministre du tourisme, face à cette situation, je dirais ceci à Idriss Déby Itno : "Monsieur le Président, avant de sponsoriser un club de foot en France dans le but de développer le tourisme dans notre pays, rendons d'abord notre pays viable. Investissons dans les infrastructures routières, investissons dans la santé, bitumons réellement nos routes, et tout le reste viendra après". Mais au Tchad, personne ne peut dire une telle vérité en face, à Idriss Déby Itno.
Tous les ministres sont, on dirait, préoccupés par la question de savoir comment faire pour plaire au chef afin de conserver son poste ministériel jusqu'au prochain remaniement. Dans un tel contexte, notre pays ne sera jamais attractif sur le plan touristique.
Etienne BETEL