Déclaration : les mouvements sociaux Ouest Africains réclament un retour du Forum Social Mondial au Sud
Nous femmes, hommes, jeunes, étudiant-e-s paysan-ne-s, commerçant-e-s, chercheurs, migrant-e-s, activistes sociaux, citoyen-ne-s de l'espace ouest africain, mobilisés du 13 au 15 juillet à Conakry, République de Guinée, adoptons la présente déclaration à l'occasion de la 5ème édition du Forum Social Ouest Africain,
Les participantes et participants, venus (e ) du Mali, de la Gambie, de la Guinée Bissau, du Togo, du Sénégal, du Nigeria, du Niger, de la Cote d’Ivoire et des différents régions de la Guinée, se réjouissent de la relance des dynamiques des mouvements sociaux ouest africains et africains au sein du Forum social qui est en cours depuis bientôt un an.
L’option de relance et de réorganisation des dynamiques a été facilitée par la mobilisation des acteurs sociaux de la sous région lors de la rencontre de concertations et d’échanges tenue en septembre 2015 à Dakar au Sénégal, et dont le présent forum ouest africain est le couronnement.
Dans ce contexte géopolitique difficile, marqué par de nombreux défis qui se posent au continent, sous fond de crises multiformes, (sécuritaire, migratoire, énergétique, économique, climatique, environnementale, politique, alimentaire, les mouvements sociaux ouest africains ne pouvaient restés indifférents compte tenu des enjeux.
Face à la crise globale du système capitaliste et à la faillite du mode de gouvernance néolibéral dicté par les multinationales et les puissances de l'Occident, qui cherchent à reconquérir notre continent, les résistances s'organisent un peu partout dans le monde pour l'avènement d'alternatives durables, respectueuses des droits humains, de l’ équité, de la justice sociale et de l’égalité des chances. L'Afrique est devenue le continent le plus convoité par les puissances économiques et financières qui comptent assurer leurs profits présents et futurs par l'accaparement des ressources du continent. Par des accords commerciaux inéquitables comme ceux des APE, que l’Union européenne veut imposer aux pays ACP, et l'imposition à la tête des pays de dirigeants à la solde du système financier et politique international, le néolibéralisme continue à étendre ses tentacules sur le continent africain au détriment de ses populations.
Cette nouvelle percée néolibérale est rendue possible par les conflits armées et violences terroristes orchestrée sur le continent par les puissances qui profitent ainsi de l'instabilité des pays pour maximiser leurs profits et leur main mise sur nos ressources naturelles. Les populations africaines privées de leurs droits au travail, à l'alimentation, au logement, à la libre circulation,[M1] au libre choix de leur dirigeant ; et au vu des guerres et catastrophes climatiques qui se multiplient sur le continent, les jeunes africains n'ont d'autres options que de prendre la route de l'exil au risque de mourir dans les déserts ou les mers. Les pertes sont énormes avec les naufrages répétitifs des bateaux de migrants
La prise de conscience de cette situation ne pouvait conduire qu’à une remobilisation des forces progressistes sur le continent.
Regrettant la situation de léthargie que connait le Conseil du forum social africain, les différentes organisations sociales et les mouvements sociaux sur le continent ont pris l’engagement de participer à la relance des dynamiques sociales afin que le forum social africain reprenne sa place au sein du Conseil international, ce qui ne fera que renforcer l’espace du forum social mondial.
Ainsi, le mouvement social guinéen, fier de son rôle historique comme pionnier dans les mouvements d'émancipation sur le continent, a bien voulu accueillir ses confrères de la sous région pour réfléchir ces défis actuels qui secouent sur le continent.
Le succès du forum de Conakry est la preuve que le mouvement social africain peut compter sur les fils et filles du continent afin que la lutte historique entamée depuis plusieurs décennies pour la libération totale de l'Afrique du joug du système international dominant soit une réalité.
Au terme du forum de Conakry, qui a été un franc succès, malgré les délais et les conditions dans lesquels cette 5eme édition a été organisée, les différentes délégations ont remercié tout le peuple guinéen, le Comité d’organisation porté par le CECIDE et le CNOSC, le gouvernement guinée, et tous les partenaires qui ont contribué à l’organisation de cette rencontre.
A quelques semaines du Forum Social Mondial prévu à Montréal du 9 au 14 août 2016, le mouvement social ouest africain, au nom de tout le mouvement social africain, chantre des résistances actuelles sur le continent martyr qu'est l'Afrique, se voit cependant exclu de la dynamique de la résistance globale au néolibéralisme. Car, les difficultés d'accès au visa canadien, la cherté des billets d'avion sur Montréal et le manque de communication avec les mouvements sociaux africains ont rendu incertaine la participation des mouvements sociaux du Sud au Forum Social Mondial 2016.
Il s’y ajoute que l'élan de solidarité attendu du Comité d’organisation au Canada, et du Conseil international comme cela a été souvent le cas à travers les fonds de solidarité dans le cadre des précédents foras sociaux mondiaux pour faciliter une participation massive des mouvements sociaux du Sud est cependant resté sans suite.
La rencontre de Conakry a permis aux mouvements sociaux africains de se pencher sur cette situation et de regretter que la tenue des éditions du forum dans les pays du Nord défavorise la participation des organisations des pays du Sud. A cet effet, la rencontre de Conakry réaffirme la volonté africaine d’organiser la prochaine édition du FSA à Abidjan, en novembre 2016, afin que cette édition soit l’occasion de restituer les travaux du forum de Montréal par les quelques délégués qui y prendront part et d’avancer sur la relance des dynamiques africaines autour du forum
En conclusion, les participants au forum de Conakry, au nom et au compte de l'ensemble du mouvement social africain dénonce la tenue du Forum Social Mondial dans un espace qui ne permet pas une participation effective des militants et acteurs du Sud en général et de l’Afrique en particulier.
Ainsi, il en appelle à un retour du Forum Social Mondial au Sud pour faciliter la mobilisation des plus grands victimes de la mondialisation néolibérale que sont les peuples martyrs du Sud et de l’Afrique, qui subissent de plein fouet les politiques néolibérales.
En meme temps, le forum social ouest africain, manifeste sa solidarité aux peuples victimes des nombreux attentats qui sévissent dans le monde, et condamne le « coup d’Etat » perpétué contre la Présidente Dilma Roussef au Brésil sous un prétexte fallacieux et sans fondement.
Au chapitre de l’agenda africain, le Forum de Conakry, a retenu que les deux prochaines éditions du FSOA aura lieu successivement à Lomé, au Togo, en 2017 et à Niamey, en 2018, et s’engage à présenter une candidature africaine pour abriter la prochaine édition du forum social mondial de 2018, en déclarant la candidature du Sénégal.
Vive le Forum social ouest africain
Vive le forum social africain
Tout pour que reste vivant et solidaire le forum social mondial
Fait à Conakry le 15 juillet 2016