TCHAD : UN PEUPLE QUI COMBAT NE PERD JAMAIS
Il y aura le passage en force de IDI, il y aura confiscation du pouvoir et il y aura crises au Tchad. Rien de nouveau ! Ces hypothèses étaient prévues. Il y aura crises, mais il faut bien situer l'enjeu des troubles à venir : la légitimité !
La légitimité parce qu'il ne s'agit pas du pouvoir lui-même qui, en 26 ans, n'a jamais quitté IDI, pas plus qu'en 2016. Depuis 1990, le pouvoir était simplement remis en jeu périodiquement, au nom du jeu et pour l'apparence du jeu. C'est tout.
Comme il se dit, IDI a fait le jeu. Bénéficiant même dans le passé d'une impression de légitimité qui s'explique par la collaboration ou la participation de l'opposition civile aux exercices du pouvoir.
CETTE FOIS, IDI A TOTALEMENT PERDU LA CARTE DE LA LÉGITIMÉ.
IDI a totalement perdu la carte de la légitimité, jusqu'à dans les marges. Hier, il pouvait facilement maquiller son pouvoir. Aujourd'hui, il ne dépend plus de ses forces, mais des faiblesses de ses adversaires.
L'exercice du pouvoir au sortir de la présidentielle de 2016 ne ressemblera pas aux exercices passés. Parce que l'opposition civile a remporté la lutte pour le droit, l'équité et la conformité aux croyances des tchadiens quant aux origines et aux formes du pouvoir. S'imposant effectivement comme le seul arbitre de la question légitime. C'est elle qui contrôle cette dimension politique.
Il est des choses que l'homme ne peut ni acheter ni arracher quelle que soit sa puissance et ses moyens matériels ou financiers. Un exemple serait la légitimité qui est nécessaire pour maquiller les laideurs du pouvoir et améliorer la perception de son exercice.
Nous sommes donc dans une situation qui met l'opposition civile dans une position de supériorité morale sur son adversaire. Pour peu qu'elle honore l'espoir du peuple placé en elle ainsi que les aspirations de la jeunesse, elle peut remporter la lutte en cours.
Certes, difficile mais possible. Combien de temps la lutte durerait ? Nous nous abstenons de spéculer sur la durée, mais l'issue est certaine. Si l'opposition perd en fin de compte, ce sera à cause de ses faiblesses, non à cause de la force morale et légitime de l'adversaire.
EN CAS DE PRÉVARICATION
Si la duplicité s'invitait au jeu, l'opposition politique utile qui a posé la marque de défiance politique à IDI en le déclarant vaincu serait la plus grande perdante.
Parce qu'aucun acteur, en cas de prévarication, n'aura le temps de se faire oublier et de remonter la pente pour redevenir un joueur politique. Et ce, pour diverses raisons parmi lesquelles nous retenons deux :
1. la récence des uns qui ont tout à prouver qu'ils ont véritablement divorcé et qu'ils sont crédibles;
2. les erreurs du passé des autres qui ne seront plus tolérées parce qu'elles ont consumé l'unique carte du pardon et de l'oubli. La récidive n'est pas une option, car elle équivaudrait, pas à une faute politique ou morale mais à un suicide politique !
S'il y a un manque au devoir, les opposants perdraient parce que nous sommes à un moment d'exception de l'histoire politique du Tchad, avec une conscience politique générale élevée, avec un rejet général d'un système au pouvoir et de son incarnation physique, avec une jeunesse dynamique et déterminée qui prend de plus en plus sa place dans l'arbitrage des questions politiques et dans l'orientation des choix du peuple.
Nous disions qu'en déclarant IDI vaincu au premier tour, les 5 opposants formant l'opposition politique utile ne peuvent plus se placer sous l'autorité du vaincu déclaré, et ce, quels que soient les arguments de pseudo-intérêts supérieurs, pseudostabilité ou de l'union nationale.
Il faut donc accorder aux opposants civils le bénéfice du doute et les soutenir par tous les moyens, même s'il ne faut pas exclure la vigilance, car l'opposition civile tchadienne a besoin du soutien de tous, plus que la suspicion ou la non-implication dans la lutte en cours.
Enfin, nous n'avons pas besoin des discours ressassant le passé, écorchant les autres et instillés par des postures interlopes. Ce sont là des voix qui recherchent davantage de l'attention qu'elles ne proposent des solutions utiles. Le devoir nous appelle à soutenir le camp de la légitimité jusqu'au bout. Tant que la légitimité ne déménage pas.
Vive la résistance pacifique et légitime ! Le peuple tchadien vaincra.
Joe Al Kongarena
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