"Le droit des Tchadiens de choisir librement leurs dirigeants, violés" plateforme ça suffit
CE N’EST QUE PARTIE REMISE
Une fois de plus, un des Droits Fondamentaux, Constitutionnel, celui là même qui garantit à tout tchadien en âge de voter, le droit de choisir librement ses dirigeants, ce droit donc vient honteusement d’être violé par IDRISS DEBY et ses acolytes. Le Tchad grâce à lui a inscrit une fois de plus, une des pages les plus sombres de son Histoire.
Ce holdup électoral cependant ne devrai étonner personne, tant le personnage est coutumier du genre et truquer les élections est une des spécialités qu’il a eu le temps d’affiner depuis deux décennies. Le scenario est tellement bien connu des tchadiens que certains en arrivent à en deviner par avance le mode opératoire : recensement des mineurs, des étrangers et des refugies, votes multiples, disparitions des urnes, pénurie de bulletins et gonflement de bulletins nuls dans les bastions de l’opposition, corruption des membres de la Ceni, de certains candidats accompagnateurs, de certains responsables de la société civile suivie d’une vaste opération d’achat des consciences dans tous les milieux, bourrage des urnes traficotage des résultats etc.
Ce nième forfait de Deby dont les conséquences seront forcement synonyme de tragédie pour le peuple tchadien pendant les cinq années à venir était pourtant prévisible.
Le dispositif de futures fraudes électorales dont la mise en place crevait les yeux nous avait amené à l’époque à demander à la classe politique de boycotter ces élections. Nous avions pensé que si les treize candidats dont la liste avait été définitivement arrêtée avaient à trois ou quatre jours des élections désistées en bloc, Deby se retrouverait seul dans une position très difficile et la société civile pouvait en ce moment précis mener d’intenses actions citoyennes contre ce dispositif de fraude ; ce qui créerait une crise qui amènera forcement l’ensemble des acteurs en présence à revoir toutes les règles du jeu en démantelant tout le dispositif mis en place par Deby et en installant un système sain qui pouvait garantir une certaine transparence ; ce faisant, une alternance pouvait être possible.
Les candidats retenus ayant choisit d’accompagner Deby, ce scenario n’a évidement pas eu lieu ; Idriss Deby aux abois et terrorisé par une société civile qu’il n’a pas réussi à acheter et à dompter s’est mis à nous arrêter pour avoir voulu préparer une marche pacifique autorisée par la Constitution ; les élections approchent et il fallait à tout prix et sous n’importe quel prétexte mettre hors circuit les empêcheurs de tourner en rond en l’occurrence les leaders de la Société Civile seuls capables à ses yeux de mettre à mal son plan funeste ; il avait cependant oublié que nous ne sommes que des personnes et qu’il avait à faire à des organisations structurées ; c’est ainsi que les marches prévues avaient bel et bien eu lieu malgré notre absence et avec la répression sauvage qui s’en est suivie.
Pour ce qui concerne notre « jugement », au-delà de la grossièreté de l’accusation proférée contre nous par un procureur de la république en panne d’arguments juridique et dans ses petit souliers (le délit dont on nous accuse ne se trouve même pas dans notre code pénal), tous les tchadiens doivent avoir honte de leur justice qui ne mérite du reste aucun respect. Pendant que sous d’autres cieux, les juges mettent un point d’honneur à affirmer leur indépendance à toute occasion, au Tchad, la justice est tout simplement réduite à servir de bras armé à Deby pour réprimer et se débarrasser de tous les patriotes qui s’opposent à sa gouvernance macabre.
Pour toutes ces raisons donc, nous disons que notre condamnation à quatre mois avec sursis destinée manifestement à nous ballonner pendant cette période de quatre mois est inopérante à nos yeux pour les raisons suivantes:
- En notre qualité de défenseur des Droits de l’Homme, nous estimons qu’il nous est difficile de nous taire et de répondre ainsi à une injonction d’un juge qui prononce un verdict contraire à une disposition constitutionnelle. La liberté de parole et d’opinion prônée par la Constitution ne peut être contredite par une simple décision d’un juge et quel juge…
- Notre arrestation est déjà arbitraire et notre procès est notoirement politique ; les décisions et autres verdict subséquents sont donc pour nous, sans effet.
- Parce qu’il faut permettre à un pseudo démocrate en réalité un dictateur invétéré comme Deby de violer toutes les lois et réglementations en toute impunité, on nous condamne nous à nous taire et à assister à ce holdup électoral éhonté, suivi de ce massacre immonde d’innocents, de paisibles citoyens et de militaires par les comparses de Deby en train de fêter un forfait électoral notoire.
Les consignes précises qui avaient été données aux proches du pouvoir de tirer en pleine ville juste après la publication des « résultats » et cela dans toute l’étendue du territoire avaient pour but évident de terroriser la population tchadienne et dissuader ainsi toute contestation ; c’est bel et bien un message claire que désormais, c’est le règne de la terreur qui aura droit de cité. Prés d’une dizaine de personnes connues avaient perdu la vie et une centaine d’anonymes blessées ; toutes atteintes par des balles perdues victimes d’une barbarie planifiée par Idriss Deby lui-même parce qu’il veut absolument continuer à régner sur les tchadiens et leur faire subir toutes les souffrances dont il a seul le secret.
Les massacre et disparitions des militaires ayant voté pour les candidats de l’opposition ont permis à certains sceptiques de comprendre jusqu’où Idriss Deby est capable d’aller pour garder le pouvoir ; les dénégations débitées à la télévision par un ministre de la Communication complètement complexé ont scandalisé toute l’opinion publique tchadienne. Les montages éhontés auquel il s’était livré en présentant des inconnus et dont la grossièreté n’a d’égal que la vilenie d’une méthode propre aux dirigeants tchadiens, est destinée comme à l’accoutumé à la consommation extérieure ; parce que nos fameux dirigeants ne savent pas faire autre chose que de masquer les tares d’un Idriss Deby dont ils savent qu’il est incapable de diriger une tribu.
D’autre part, nous tenons à faire remarquer que si nous savions depuis longtemps que les dirigeants occidentaux avec la France en tète du peloton ont toujours fermé les yeux sur la gouvernance ignominieuse de Deby, et sur le sort d’une population tchadienne qui continue à souffrir le martyre depuis un quart de siècle, nous sommes quand même surpris de leur indolence face à ce drame jamais vécu par le peuple tchadien ; s’il est connu « qu’il y’a pas pire sourd que celui qui ne veut rien entendre »,cette fois ci, dans l’hypocrisie, ils se sont surpassés. Loin de nous cependant l’idée de demander à un pays comme la France d’agir pour éjecter Deby du pouvoir ; nous sommes assez grands pour le faire nous-mêmes ; nous avions simplement pensé qu’un pays comme la France qui se dit chantre des droits de l’homme avait des valeurs ; quoi qu’il en soit, l’occident et toutes les puissances soutenant Deby peuvent toujours continuer à faire semblant de croire que de tous les Tchadiens ,seul Deby est capable de vaincre le terrorisme , qu’ aucun autre tchadien ne peut garantir une stabilité stratégique dans la région sahélienne et ne pourra faire du Tchad un rempart efficace contre AQMI , Boko Haram et que sais je encore .
Pour notre part, nous pensons que la société civile tchadienne a acquit beaucoup d’expérience pendant cette période pré et post électorale ; elle pourra sans complexe jouer un rôle déterminant dans l’avenir du pays et changer les choses ; c’est ainsi que nous continuerons toujours à penser (c’est notre opinion et nous avons le droit d’en avoir une) que Deby a volé les voix des Tchadiens, que son pouvoir actuel est illégitime et qu’il a ainsi violé un de leurs principaux droits fondamentaux.
Tant que notre constitution nous permettra de nous opposer à tout régime politique qui règne par le tribalisme, le népotisme, l’arbitraire et qui confisque le pouvoir par les armes, nous continuerons toujours à nous dresser contre la gouvernance calamiteuse de Deby.
un grand penseur contemporain a dit : « l’expérience, c’est la somme des erreurs » ; nous avons donc beaucoup appris des erreurs que nous avions commises dans l’organisation de certaines des action citoyennes et légales que nous avions menées dans le cadre de la Société Civile pour refuser un cinquième mandat de Deby. Nous ne commettrons plus les mêmes erreurs tactiques ; nous les avons déjà capitalisées et les prochaines marches pacifiques et autres actions légales de désobéissance civile seront à n’en pas douter, plus élaborées et plus efficaces.
Que nos compatriotes soient rassurés, tant qu’il y’aura de l’arbitraire dans ce pays, de l’injustice à outrance, tant que la gestion des affaires du pays continuera à être clanique ou tribale ; tant que la dilapidation des fonds publics par la dynastie régnante persistera, bref tant que les Droits de l’Homme et les Droits Economiques des tchadiens seront outrageusement violés, nous ne cesserons jamais de les combattre par les méthodes légales prévues par nos textes et qui peuvent être efficace si elles sont bien menées.
Pour finir, nous disons que le Tchad est notre pays à tous, nous n’en avons pas un autre, nous avons des textes fondamentaux qui nous disent que nous avons tous les mêmes droits. De ce fait, nous diront toujours « non » à quiconque pense et agit comme si le pays était la propriété privée d’une catégorie de tchadiens.
Mahamat Nour Ibedou
SG de la CTDDH, porte parole de la Plateforme « ça Suffit ».