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Publié par Mak

Tchad: Message du MCCT sur le bilinguisme

 

 

Dans son livre déterminant «Peau noire, masques blancs. », l’écrivain Frantz Fanon, disait :”Tout peuple colonisé…tout peuple au sein duquel a pris naissance un complexe d’infériorité, du fait de la mise au tombeau de l’originalité culturelle locale, se situe vis-à-vis du langage de la nation civilisatrice…le colonisé se sera d’autant plus échappé de sa brousse qu’il aura fait siennes les valeurs culturelles de la métropole. Il sera d’autant plus blanc qu’il aura rejeté sa noirceur, sa brousse. “

Le MCCT comme des nombreux Tchadiens, se pose des nombreuses questions sur l’effectivité du bilinguisme au Tchad. Officiellement, on parle que le Tchad est un pays bilingue, avec les deux langues officielles que sont les Français et l’Arabe littéraire. Notre bilinguisme est-il équitable et parfait? Combien de Tchadiens parlent et écrivent l’Arabe? Combien de nos compatriotes ont-ils adopté la langue du colonisateur français?


Le Bilinguisme qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive durant la conférence nationale souveraine, s’est-il installé d’une manière efficiente sur toute l’étendue du territoire? Combien de Tchadiens parlent le Français? Combien parmi nous parlent l’Arabe littéraire? A-t-on des statistiques réelles sur les apports des deux langues sur le quotidien des Tchadiens? Si oui, quelle est la place du Français et de l’Arabe littéraire dans notre pays? Le gouvernement a-t-il mis en place un organisme de contrôle de la parité Français-Arabe littéraire dans notre administration et dans les services rendus aux citoyens?

 

Aujourd’hui, notre ”bilinguisme“ qui n’est parfait, ne se fait aucunement sentir dans le quotidien. Nos rues portent des écriteaux d’indication en Français, les plaques d’immatriculation se font uniquement en Français, notre hymne nationale, la tchadienne, se fredonne qu’en langue de Molières sans aucune partition en Arabe littéraire, or, partout dans le monde, les pays se disant bilingue adoptent leurs deux langues officielles dans leur hymne nationale.

 

Une autre “injustice” faite aux arabophones (il faut distinguer arabophones de musulmans) est le fait que notre pays est membre de l’organisation internationale de la francophonie sans être membre de la ligue arabe, organisme regroupant les pays ayant l’Arabe en partage. Notre mouvement qui se veut une tribune pour toutes les sensibilités de notre pays se pose également des questions sur la nécessité d’inclure dans ce binôme Français-Arabe, une troisième ” langue“ officielle, même si celle-ci n’est pas tout a fait une langue écrite. N’est-ce pas le moment de rendre hommage à la langue Sara parlé par un très grand nombre de Tchadiens? Le moment n’est-il pas indiqué de développer nos “langues” nationales, en donnant l’occasion a nos linguistes de les transcrire?

 

Le MCCT ne se voit aucunement en un mouvement qui veut semer la polémique pour ce débat qui effleure des nombreuses personnes dans le sens contraire de leur sensibilité. Nous croyons que ce problème est un véritable panier de crabes qu’il faut rapidement trouver des solutions mutuellement avantageuses, et pour les francophones, et pour les arabophones.

Notre organisation se pose des questions sur la réalité du bilinguisme au Tchad et demande que le gouvernement prenne toutes les mesures légales et envisageables pour poser les bases réelles de cette dualité linguistique afin que le système éducatif, durement éprouvé par l’anachronisme et l’amateurisme de ses dirigeants, puisse asseoir une véritable politique d’éducation bilingue au Tchad.

Pour ce faire, le MCCT préconise :

  • Rendre obligatoire dans nos écoles, l’apprentissage des deux langues pour nos élèves;
  • Revoir l’hymne nationale en insérant une version arabe;
  • Rendre leur bilinguisme a nos plaques d’immatriculation, nos panneaux ....
  • Mettre sur les matricules, véhicules, insignes…de nos forces de sécurité, des inscriptions en Français et Arabe;
  • Valoriser les autres dialectes nationales dont le Sara parlé par une grande partie de Tchadiens;
  • Inscrire sur nos avions officiels, des affiches bilingues;
  • Renforcer le dialogue et l’échange entre les francophones et les arabophones;
  • Créer un organisme national de veille et de promotion des deux langues officielles;

 

Fait le 30 mars 2015

La coordination nationale