Démocratisation au Tchad : rites d'initiation et exorcismes
Le Tchad présente une instabilité institutionnelle récurrente depuis une vingtaine d'années. Depuis 1975, date du premier coup d'Etat, le pays est gouverné
par des groupes militaires et paramilitaires. Le régime actuellement au pouvoir est confronté au défi de la démocratisation dans un système fragile et désorganisé.
La Conférence Nationale Souveraine (CNS) censée en jeter les bases en 1993, est présentée comme un rite d'initiation et de passage à la démocratie. Espace de négociation, cette conférence a pu
proposer des alternatives à la violence et la reconquête de certains droits, mais elle reste une entreprise de démocratisation « par le haut » et le problème de sa représentativité quant aux
différentes factions rebelles reste posé. Pensée comme étape préliminaire, la CNS a donné lieu à une phase de transition aux objectifs de réformes et de réorganisation louables mais peu entrés
dans les faits. La démocratisation reste dépendante de l'aide extérieure, notamment française, et le multipartisme demeure fragile. Dans l'attente d'élections, l'opinion voit dans les
associations de la société civile les meilleurs acteurs de la démocratie.
Par ailleurs, on assiste à un phénomène de regroupement politique sur des bases ethniques.
R. TORIAIRA